Conan le Cimmérien 2. Le Colosse noir

L e petit royaume de Khoraja est menacé. Au nord, le roi de Koth risque de l’annexer, soi-disant pour le protéger. En effet, au sud, un sorcier revenu du néant rassemble les Shémites et les Stygiens pour les lancer à l’assaut des peuples hyborien de l’ouest. Les différents conseillers de la jeune princesse l’incitent à différer le moment de la bataille. Mais elle sent que le moment d’agir est venu et, sur les conseils de l’oracle d’un dieu oublié, elle recrute un obscur mercenaire, qui parcourt les contrées de guerre en guerre au gré de ses humeurs, pour mener son armée.

Si la nouvelle passera au-dessus de 'attention de beaucoup, voire arrachera un rictus de mépris à d’autres, le petit monde de la fantasy, et plus particulièrement celui de l’heroic fantasy, frémit depuis plusieurs mois : des nouvelles du maître, Robert E. Howard, vont être adaptées en bandes dessinée ! L’enjeu est de revenir aux fondamentaux, de mettre en lumière un auteur d’écrits populaires, conteur-né, et son personnage emblématique qui, pour le grand public, « se réduit, au choix, à Arnold Schwarzenegger, aux idées politiques musclées de Georges Milius, aux peintures de Frank Frazetta, ou enfin à la version « slip de fourrure » du personnage des Marvel Comics » (Patrice Louinet dans Le Guide Howard aux Éditions ActuSF).

« Je suis Conan le Cimmérien et par le tranchant de cette épée je vis ! ». Mettre en avant un homme dont la philosophie tient à cette déclaration peut vite ressembler à une gageure. Pour ne pas se rapprocher des mauvaises déclinaisons qui ont contribué à l’image négative du genre, il faut parvenir à faire ressentir la fluidité des histoires originelles, la flamboyance de l’univers et le fait que Conan, même s’il aime le vin, les femmes et guerroyer, n’est pas un grand benêt. À la vue de leurs œuvres, le duo Brugeas/Toulhoat semble avoir tous les atouts pour rentrer dans cet univers : un amour pour la baston et l’épique, des personnages hauts en couleurs, des contextes adroitement développés. Effectivement, les deux compères se montrent très à l’aise avec cette icône de la littérature populaire. Le caractère du héros est bien mis en valeur : se moquant des conventions civilisées, le barbare du nord est aussi à l’aise dans les tavernes près des prostituées que dans un palais à analyser la situation politique du pays devant la reine.

Bien entendu, c’est la loi du genre, les combats sont bien présents et le duo étale toute sa science du découpage cinématographique et dynamique. Le dernier tiers de l’album est pratiquement muet et laisse place au bruit et à la fureur, au sang et à la frénésie, au carnage et à la démesure. Tout cela éclate au sein d’une mise en scène alternant plans larges et rapprochés, mêlant grandes cases et enchaînements de petites, variant les angles de vue pour bien souligner la folie de cette séquence et le magnétisme du colosse cimmérien.

Respectueuse et efficace, cette adaptation ouvre magnifiquement une série qui s’annonce très prometteuse.

Moyenne des chroniqueurs
7.0