Ratafia 1. Mon nom est capitaine

C harles le pirate n'avait sans doute pas prévu de perdre vaisseau et équipage dans une partie de cartes contre un capitaine de cette ... envergure. Ses marins lui avaient bien dit de se méfier de ce drôle de personnage avant de relancer le jeu de son lot de neuf cartes aux trésors. Maintenant, c'est la larme à l’œil que le pauvre Charles regarde la barque du petit capitaine s'éloigner du quai pour prendre possession de ce qui fut autrefois son fier navire.

Imaginez un petit bonhomme, peintre (sur perroquet), sculpteur, grand lecteur, aussi décalé qu'un Baron de Munchaüsen en goguette et vous aurez dressé un portrait assez fidèle du Capitaine Ratafia. Si le personnage est excentrique, son équipage ne l'est pas moins, et devant le vaste choix de trésors à leur disposition (rappelez-vous, les neuf cartes), ils enverront naturellement le plus jeune d'entre eux, Chandler, sous la table, tirer au sort la carte qui leur apportera gloire et richesse. Mais avant de laisser couler entre leurs doigts l'or tant convoité, ces terribles pirates traverseront bon nombre d’épreuves : l'abordage épique d'un brick irlandais, la rencontre des terribles Dos Fixes, un mémorable spectacle de danse aquatique, une pêche véritablement miraculeuse…

Pas de doute, les fées Matt Groening (Les Simpsons) et Akira Toriyama (Docteur Slump) se sont longuement penchées sur le berceau de Nicolas Pothier et Frédérik Salsedo. En plus des codes graphiques chers au manga, on retrouve avec l'épisode des Dos Fixes une critique sociale acerbe, chère aux habitants de Springfield. Mais Ratafia ne se limite pas à ses riches influences. L'esprit de l'album est clairement tourné vers la dérision et la moindre occasion devient prétexte à placer un jeu de mots, aussi bancal soit-il. C'est sans doute ce manque de sérieux qui donne à l'univers de Ratafia et à ses personnages leur fraîcheur. Le découpage du récit est un autre point fort de l’album. Les scènes s’enchaînent sans temps mort et le rire est savamment orchestré, à l’image de ces moments de consternation qui suivent la conclusion d'une réflexion douteuse. Ce premier tome profite également de l’excellent travail de Greg Salsedo à la colorisation. Ses volutes de nuages, la matière qu’il donne à ses flots et à ses navires sont quelques unes des nombreuses qualités de ce premier tome.

Amateurs de piraterie séquentielle, séchez vos larmes et accueillez comme il se doit votre nouveau capitaine ! Si Rosco le Rouge tire sa révérence avec son troisième tome, on ne pleurera pas longtemps sa disparition, foi de Ratafia !


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