Le troisième fils de Rome 1. Martius

T out le monde connaît le mythe de Romulus et Remus. Fruits de l’union du dieu Mars et de la vestale Rhéa Silvia, abandonnés sur le Tibre, nourris par une louve, recueillis, élevés et éduqués par un berger, ils décident de fonder une ville. Un conflit amènera Romulus à tuer Remus. Ainsi naquit Rome. Mais il y aurait eu un troisième enfant. La légende traverse les siècles, fait des adeptes, qui s’assembleront en une secte. Les adorateurs servent la vengeance de ce fils, dont le père aurait été massacré par les jumeaux. Le grand dessein final est la destruction de Rome. En 203 avant Jésus-Christ, les haines ancestrales vont se mêler à la guerre que se livrent Scipion l’Africain et Hannibal le Carthaginois.

Ce premier volume (cinq sont prévus) est scénarisé par Laurent Moënard (Blues 46), dessiné par Stefano Martino (Oracle tome 1, Les Maîtres inquisiteurs tome 6) et colorisé par Stéphane Paitreau (La Geste des Chevaliers Dragons, Kookabura). Cette série s’inscrit dans un mouvement de publication qui puise son inspiration dans les mythologies classiques (méditerranéennes, scandinave ou celtique), créneau dans lequel les éditions Soleil sont fortement positionnées. Les histoires antiques et leurs innombrables figures sont une source quasi inépuisable qui permet toutes les adaptations ou interprétations.

Si le recours à l’imaginaire antique n’est pas blâmable en soi, il ne dispense pas pour autant de le faire avec talent. C’est là que le bât blesse. Le postulat d’un demi-frère inconnu, vengeur et soutenu par une confrérie sanglante est séduisant. Son implantation dans un épisode fameux de l’histoire romaine est bienvenue. Mais la narration laisse sur sa faim, et ce pour plusieurs raisons : les personnages n’ont pas d’épaisseur, les scènes ne sont pas dramatisées (la faute à un enchaînement trop rapide des événements), le souffle épique attendu n’est qu’une légère brise, les dialogues ne sont pas exempts de certaines lourdeurs et nombre et de pistes sont ouvertes et bizarrement abandonnées.

Le graphisme, consensuel et lisse, manque de dynamique et se montre inutilement sanglant dans les scènes de combat. L’œil passe brutalement, et tout au long de l’album, de l’inertie des sujets à des irruptions brutales d’hémoglobine. De jolies cases ponctuent cependant l’ensemble, mais elles demeurent trop rares. C’est dommage car le concept de départ aurait mérité un tout autre traitement. Pour s’immerger avec ravissement dans l’époque latine, on préférera Murena, Les Aigles de Rome ou les premiers Alix.

Moyenne des chroniqueurs
4.0