Royal City 1. Famille décomposée

L e prolifique Jeff Lemire signe un nouveau titre dans le genre réaliste, dans lequel il s’est déjà plusieurs fois illustré avec Essex County, Winter Road, etc. Utilisant généralement le « roman graphique » pour ce faire, il opte cette fois pour le format de la série, dont il maîtrise parfaitement la construction, récit choral, suspense et cliffhanger à l’appui. Une saga familiale au long cours s’annonce.

Royal City, morne ville industrielle sur le déclin, est le théâtre du ballet tragique de la famille Pike, déchirée par la disparition du jeune Tommy. Sa présence hante ses proches, tous sur la pente descendante - à l’image du cadre urbain et son aquarelle en capillarité de bleu et gris, façonnant un ciel invariablement bas.

Les conflits et l’absence de communication cachent manifestement un secret bien enfoui, mais la vérité sur les événements semble plus complexe que l’auteur ne le laisse penser initialement. Le père, victime d’une attaque et brimé par sa femme aigrie ; le fils instable noyé dans l’alcool ; la sœur et son travail avant tout ; le frère écrivain en panne d’inspiration (du même âge que le scénariste, tiens) forment une galerie de personnages torturés et dramatiques à souhait, mais fréquemment convoqués dans maintes fictions.

Certains trouveront dans Royal City une veine cathartique approfondie, où Jeff Lemire explore plus avant des thèmes qui lui sont chers tels que culpabilité et autodestruction. D’autres déploreront la ressemblance avec les titres susmentionnés. Toujours est-il que ce premier tome habilement mené constitue l'exposition d'un feuilleton dont le développement reste à découvrir...

Moyenne des chroniqueurs
7.3