Le voile noir

M ilitante dans l'humanitaire, Gina apprend que la filleule de sa tante Alice, Pauline, s'est brutalement radicalisée et a décidé de rejoindre le Grand Khalifat de Syrakie. Après avoir remonté la filière de recrutement des djihadistes sur les réseaux sociaux, elle décide de se rendre sur place pour la ramener. Gina y découvre la liberté et le paradis vendus aux convertis à la cause : rester enfermée dans une maison avec les autres femmes, à attendre qu'un homme la sélectionne. Et c'est ce qui finit par lui arriver lorsqu'un étrange cuistot débarque pour se choisir une épouse.

Hasard du calendrier ou flair éditorial, cet ouvrage bien documenté sort au même moment qu'un appel au rapatriement des femmes extrémistes emprisonnées au Moyen-Orient. La première partie décrit le mécanisme d'embrigadement des jeunes filles à qui on promet une vie de rêve, un prince charmant pour la vie et de nombreux enfants, Puis la réalité : celle d'esclave et/ou de ventre. Le voile noir oscille entre sérieux et parodique, et le choix de la dérision permet de supporter l'insoutenable : le viol, la marchandisation et la chosification des femmes, notamment des plus jeunes. Le dessin de Cha est résolument comique, avec ses trognes aux regards hallucinés, ses caricatures qui en quelques trait résument la stupidité et la veulerie de certains personnages avant même qu'ils crachent une bulle. Efficace gestion du mouvement également.
C'est pétaradant, c'est drôle et en même temps, cela glace le sang.

Un livre d'utilité publique, entre humour noir et pamphlet féministe.

Moyenne des chroniqueurs
6.7