Lonesome 1. La piste du prêcheur

A lors que de chaque côté de la frontière séparant Kansas et Missouri esclavagistes et abolitionnistes multiplient les raids, un homme seul en abat trois autres. Ces pistoleros étaient au service de Markham, un pasteur qui agite la population pour la rallier à la cause du Nord et qui profite de sa campagne pour châtier les pécheurs de manière atroce. Le solitaire le traque, et ce guet-apens signifie qu’il se rapproche.

Lonesome marque le retour au western d’Yves Swolfs, au scénario et aux pinceaux. Les aficionados se sentiront vite en territoire connu tant les premiers contacts rappellent Durango. Cette impression est particulièrement prégnante avec le visage de nombreux protagonistes, dont le héros, et plus généralement avec le graphisme de l’auteur. Celui-ci ne change rien et décline la partition qui a fait son succès. Mais le Monsieur a du talent et de l’expérience. Son découpage et ses cadrages savent parfaitement se jouer de la relative rigidité du trait. Son style réaliste garde ainsi son attrait et son efficacité. De plus, l’artiste a tenu à se faire plaisir – et peut-être rassurer ses fans – dans ce premier tome en « rejouant » des scènes typiques constituant pour lui des références dans ce genre qui lui plait tant : le cavalier solitaire cherchant la vengeance, les paysages enneigés ou encore le duel dans la grande rue.

Alors oui, c’est du classique, mais l’auteur ne prétend pas le contraire et ses fidèles n’aspirent sans doute pas à autre chose, surtout quand c’est bien exécuté. Cependant, les différences avec Durango existent. Le contexte pré-guerre de sécession constitue une intéressante toile de fond, avec son lot de magouilles et d’exactions, et Swolfs introduit un élément fantastique dans son récit : son personnage peut voir des séquences du passé des personnes qu’il touche. Certes, il faudra voir comment ce pouvoir sera utilisé, mais il y a moyen d’y voir une belle note d'originalité.

Amateurs et détracteurs de l’artiste belge ne trouveront rien ici qui puisse les faire changer d’opinion. Tant mieux ?

Moyenne des chroniqueurs
6.3