Journal d'Italie 2. Hong Kong - Osaka

S ept ans après quelques balades du côté de Trieste et Bologne, David B. apporte une suite à son Journal d’Italie. Entre temps, il aura visité le vaste monde et ce nouveau volume s’attarde sur Hong Kong et Osaka. Ciao doce vita, Nihon he youkoso ! Évidemment, avec l’auteur des Incidents de la nuit, outre le dépaysement géographique, l’exploration se révèle vite onirique et merveilleuse.

Dans les faits, le lecteur se retrouve immédiatement en compagnie de fantômes d’anciens malfrats que les forces de l’Ordre tentent de confiner à l’intérieur d’un hôtel de police désaffecté. Quelques jours plus tard, ce sont des kamis et d’autres ombres très réelles (de celles que les vivants feignent d'ignorer) qui croisent le chemin du scénariste. D’un autre côté, il le cherche bien, au grand dam de Frédéric Boilet qui lui conseille plutôt de parler des filles, courtement vêtues si possible. David fait fi des avertissements de ses hôtes et lève immanquablement deux-trois spectres à chacune de ses déambulations. Peu importe qu'ils sortent d'un folklore ancestral ou de chez les perdants du système, ils sont là et leurs récits méritent d’être relatés.

De L’ascension du haut mal à La lecture des ruines, la frontière entre le fantastique et le concret a toujours été très floue chez David B. C’est encore davantage le cas dans cet Extrême-Orient où passé et modernité se côtoient constamment. En outre, si le dessinateur n’a qu’à se baisser pour trouver légende à son goût, il ne manque pas d'y ajouter sa patte personnelle. Un campement de sans-abris devient un hameau mystérieux et une visite chez le coiffeur une histoire autobiographique mettant en scène un lycanthrope lâché à travers la cité (il finira chauve).

Superbe ouvrage auquel le format réduit de la collection shampooing ne rend pas totalement hommage, ce Journal d’Italie deuxième époque pétille d’inventivité et d’intelligence. Une excellente invitation décalée au voyage et à la découverte qui s'avère bien plus utile que n’importe quel guide, qu’il soit du Routard ou Michelin.

Moyenne des chroniqueurs
7.0