Les carnets de Cerise 5. Des premières neiges aux perséides

L 'heure est venue pour Cerise d'oublier les soucis de ceux qu'elle croise et de se concentrer sur ses propres failles. Aidée de sa mère, elle va tenter de lever le voile sur ce qui lui pèse depuis trop longtemps. Une dernière énigme à résoudre, la plus importante et la plus personnelle, pour enfin se libérer et avancer.

En cinq ans et autant d'albums, les carnets de Cerise sont devenus un rendez-vous incontournable pour nombre de lectrices et de lecteurs, quel que soit leur âge. À l'occasion du baisser de rideau sur une saga au succès mérité, l'émotion et un soupçon de pression risquaient de s'emparer des auteurs. Conclure une série n'est jamais aisé et le risque de décevoir jamais loin. Pas de panique, Des premières neiges aux perséides est largement à la hauteur de l'enjeu. Joris Chamblain, comme à son habitude, offre à sa complice de quoi varier les plaisirs : différentes saisons et des décors variés mais aussi des flash-back qui permettent de revoir ou découvrir la fillette et son entourage à différentes étapes de leur vie (quelle bouille quand l'enfant débarque à l'école !). Aurélie Neyret régale à nouveau par son trait délicat et ses couleurs douces. La dessinatrice fait preuve d'un savoir-faire qui est allé grandissant au fil des tomes pour atteindre ici un sommet de lisibilité et d'élégance. La mise en page comme le découpage sont d'une fluidité parfaite.

Les pages du carnet quant à elles sont une cinquième fois le théâtre de son inventivité : pleines d'humour et de clins d’œil, ce sont elles les éléments centraux de la narration. Elles font avancer la trame avant de laisser la place aux séquences illustrées lorsque les souvenirs refont surface ou que des moments forts sont racontés par la maman. Après le journal de bord de ses vacances, celui de ses enquêtes ou des bandes dessinées, le scénariste de Sorcières, sorcières opte cette fois encore pour un nouveau mode d'écriture : l'échange épistolaire entre la mère et la fille. Il fournit le prétexte idéal pour raviver les souvenirs douloureux si longtemps enfouis. Par ce choix ingénieux, l'auteur répond à toutes les questions qui ont jalonné les aventures de leur héroïne. Le sort du père bien sûr, et les circonstances du drame, mais aussi l'arrivée dans le village, la rencontre avec les copines, Erica et Line, et la genèse de cette amitié indéfectible comme le rôle d’Annabelle Desjardins. Chaque élément prend place dans ce puzzle et toutes les zones d'ombre sont éclaircies. En réussissant un difficile dosage entre révélations et émotions, sans jamais tomber dans le larmoyant, l'auteur dénoue en beauté l'ultime enquête de la romancière en herbe. Et le lecteur de vibrer en tournant les 72 planches, étreint par un mélange si ambigu de joie et de fébrilité (voire de tristesse) qui grandit à mesure que la dernière page approche.

Grâce à une conclusion qui dépasse les attentes, Aurélie Neyret et Joris Chamblain (en plus de montrer qu'il est possible de s'arrêter, comme prévu, sans tirer sur la corde du succès) offrent le plus beau des cadeaux à leur lectorat : une fin heureuse malgré tout, qui fait indubitablement des Carnets de Cerise une magnifique série dont la qualité n'aura cessé de croître à chaque nouvel opus. Alors merci à eux, ce fut un plaisir de suivre Cerise et tout ce petit monde. Et peut-être à bientôt...

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Moyenne des chroniqueurs
8.0