Dans l'antre de la pénitence

W inchester House, énorme bâtisse victorienne située en Californie, est une maison hantée des plus fameuses. Cette attraction s’appuie sur l’histoire de Sarah Lockwood Pardee, qui épouse en 1862 William Wirt Winchester, héritier du fabricant d’armes. Par la suite naît une petite fille, qui décède rapidement, suivie par son mari quelques années plus tard. Sarah, persuadée qu’une malédiction s’abat sur la famille, fait alors appel à un médium qui l’incite à construire un édifice pour apaiser les esprits des victimes des armes Winchester. Chaque jour, elle communique avec les morts qui lui indiquent les travaux à effectuer, ceci expliquant les bizarreries architecturales et la taille de la propriété qui font sa réputation.

Les auteurs s’emparent de cet emblème du folklore américain (prochainement au cinéma !) pour livrer une copie d'un genre radicalement différent de ce que les amateurs de bande dessinée avaient pu découvrir dans La maison Winchester de Marie-Charlotte Delmas et Max Cabanes.

Cette légende dramatique, propre à stimuler l'imagination la plus débridée, est ici allègrement développée : la veuve croise le parcours d’un ouvrier lui aussi en proie à ses démons (intérieurs ?). La demeure devient une sorte de sanctuaire, un lieu pour le repos des morts mais où certains vivants viennent aussi oublier et expier leur passé. Ian Bertram (Batman Saga, Batman Eternal) et Peter J. Tomasi (maints titres chez DC également) en font un récit encore plus sombre, plus inéluctable et désespéré, en extrayant l’essence pour créer une fantaisie gothique, mystique et outrancière, à grand renfort de planches sanguinolentes, un sang omniprésent comme écrin à la folie du couple. Le graphisme déformé, entre ceux de Lionel Richerand et Franck Quitely achève de rendre une ambiance macabre et décadente.

Dans l’antre de la pénitence ravira les client(e)s d’histoires de fantômes, d’univers torturés et morbides à la American Horror Story, une surenchère d’horreur qui fait écho à la violence de l’histoire américaine. Une lecture qui laisse une forte impression !

Moyenne des chroniqueurs
7.0