Ramona

A lors que son père est parti pour l’été, Paul vit seul dans une caravane au milieu de nulle part. Aux alentours, pas grand-chose, sinon une grange en décrépitude, une usine abandonnée et du vide, beaucoup de vide. Il tue sagement le temps en fabriquant des oiseaux en origami. Mais voilà qu’arrive Ramona. La jeune femme est un peu plus vieille que lui, jolie et mystérieuse. Elle n’a pas froid aux yeux et elle incite le garçon à explorer son univers et à prendre des risques, ce qu’il n’a jamais osé faire.

L’entrée de Naïs Quin dans le monde de la bande dessinée est concluante. Elle présente un huis clos entre un enfant qui a trop peu vécu et une adolescente qui porte les stigmates d’un passé qu’on imagine chargé. Mais allez savoir de quoi il en retourne vraiment. Le rythme se révèle très lent et la moitié des cases sont muettes. Bien que l’action soit rare, il se passe beaucoup de choses dans ce livre, toujours dans le non-dit. Au final, l’observateur en sait fort peu sur les deux comparses, mais il devine que leur rencontre sera déterminante.

L’autrice tient également les pinceaux. Au premier abord, son style, un improbable mélange d’expressionnisme et d’art naïf, n’est pas vraiment séduisant, mais s’avère tout de même intéressant. Les personnages sont étranges, le lecteur prend d’ailleurs un moment à décider si l’acteur principal a huit ou quinze ans, la protagoniste pourrait quant à elle en avoir quarante. Pour tout dire, le travail graphique est à l’image du récit : tout en ambiguïté. La mise en couleur est à l’avenant, elle se caractérise par une alternance entre planches lumineuses et foncées, mais encore là, le bédéphile a du mal à découvrir une logique, sinon que la nuit est sombre et le jour est clair.

Une belle première œuvre, qui pose beaucoup de questions et donne peu de réponses… et qui invite à la relecture.

Moyenne des chroniqueurs
6.0