Traquemage 2. Le chant vaseux de la sirène

"C'est ça qu'est chiant avec la magie, c'est d'un complexe"
Et ce n'est pas Pistolin qui contredira cet adage alors qu'il vient d'être ligoté par trois péquenots à un enchianteur pour être précipité dans un gouffre. Pourtant, la journée avait bien commencé pour notre apprenti traqueur de mage. Il avait dégusté son dernier pécadou et était parvenu aux pieds de Saint-Azur-en-Lagune, prestigieuse cité commerciale, pour s'attaquer à sa première cible, le mage Kobéron. Il ne lui restait plus qu'à convaincre les sirènes de lui ramener l'épée légendaire du Traquemage et à s'occuper de sa première victime en lui glissant un gluon dans le pif. Tout aurait été plus facile, si la magie n'était pas venue entraver sa marche vengeresse sous les traits de Merdin, un sorcier qui enchiante l'existence.

Il ne faut pas s'y tromper, cette pétulante comédie champêtre, sous les oripeaux d'une parodie, dévoile un scénario complexe, un monde médiéval-fantastique cohérent et cynique, bourré d'allusions cruelles. L'humour n'est jamais vaseux, même si la boue est au cœur de la trame de ce deuxième tome. Pistolin découvre la fange qui recouvre une cité devenue glauque et malsaine, imbibée à la Vasebourg, où un sorcier pas tout à fait cannibale regrette le bon temps où il dépiautait des sirènes pour tester de nouvelles recettes. Mais qu'on se le dise, tout ne se mange pas dans le poisson, la partie humaine doit être recyclée autrement. Lupano et Relom livrent un nouvel ouvrage équilibré et truculent, autant sur la plume que sur le pinceau. Le traitement des personnages est remarquable, de vraies trognes expressives à la Dubout, à la fois grandioses et ridicules. La mise en scène est impeccable autant dans les postures théâtrales, les échanges vigoureux entre protagonistes et les décors pastoraux.

Un second tome qui révèle une véritable série d'humour, originale et décalée à souhait.

Moyenne des chroniqueurs
7.4