La quête de l'oiseau du temps 9. L'emprise

L ’annonce de la mort de Bragon assomme littéralement Mara et son père. Cette disparition annihile les espoirs de la princesse et, vu l’aura du Chevalier, affaiblit la position de la Marche des Voiles d’Écume. De son côté le sinistre Ordre du Signe continue d'accentuer son emprise et prépare plus que jamais le retour de Ramor pour les siècles et les siècles à venir.

L’emprise
, le cinquième épisode d’Avant la Quête réjouira les habitués et permettra aux nouveaux convertis d’observer comment était abordé de l’heroic fantasy au XXe siècle. Blague à part et avec une certaine admiration face à la volonté du duo Serge Le Tendre/Régis Loisel de ne laisser aucun galet d’Akbar retourné, cette aventure débutée il y a plus de vingt ans (trente-cinq en comptant le premier cycle) commence légèrement à sentir la naphtaline. Malgré la facilité scénaristique qui guide l’album (Bragon méritait certainement mieux), l’ouvrage remplit sa part du contrat. Le dosage entre le cheminement du héros avec le devenir des Marches est bien balancé, les différents protagonistes font preuve d’abnégation pour les uns, de perfidie pour les autres et tout se finit sur un amer happy end en forme de coup de poing. Par contre, il faut bien l’avouer, le principal intérêt de la lecture vient du repérage des indices qui relient ce prequel à la série principale et de tenter de deviner de quelle façon les auteurs se débrouilleront pour clôturer ce chapitre zéro tout en restant synchrone avec sa suite. Malheureusement, ces derniers donnent surtout l'impression de jouer les prolongations et, sans s’éloigner vraiment de leur objectif, se limitent à simplement allonger la sauce, sans doute trop au final.

Autre signe d’essoufflement, l’usure des dessinateurs (déjà quatre au compteur). La tâche d’illustrer la saga incombe désormais à David Etien. Celui-ci joue son rôle avec professionnalisme et humilité. Dirigé par Loisel, il offre une copie parfaite de ce qui est devenu au fil des volumes le « style quête » : gros plans révélateurs, décors ultra-détaillés et mise en scène léchée. Le résultat est impressionnant de justesse, mais, évidemment, manque un peu de personnalité. La mise en couleurs de Bruno Tatti (également un nouveau venu) se montre aussi à la hauteur, quoique manquant parfois de contraste.

Comme ces vieilles connaissances que l’on revoit de temps en temps au coin d’une rue, L’emprise se lit avec curiosité et contentement, même si, en réalité, personne n'a véritablement changé d'une rencontre à l'autre. Vivement le tome six !

Moyenne des chroniqueurs
6.0