Léo Loden 25. Massilia Æterna

S ud de la France, il y a grosso modo 2.000 ans. Lorsque Claudius Vacumjtepus meurt écrasé sous une grosse pierre tombée d’un pont, la thèse de l’accident est tout de suite écartée. Qui est le coupable? Son épouse jalouse, Ala Vacumjtepus ? Les promoteurs du nouveau port de Marseille contre lequel il militait ? Le protagoniste (rebaptisé Lodanum), policier déchu recyclé en détective privé, enquêtera avec l’aide de tonton Ulysse et celle de sa fiancée Marlène (Marlena pour cet épisode).

Dans Massilia aeterna, Scotch Arleston transpose le monde de son célèbre enquêteur dans celui d’Astérix. L’esprit se révèle le même et les clins d’œil à l’œuvre de René Goscinny et Albert Uderzo s’imposent dans toutes les cases : « Ne m’attends pas pour l’orgie du soir », dit le mari en partant travailler. « Elle te plaît ma fille ? » demande le sicilien Corleonus dans une scène qui pourrait se passer en Corse. Et, sacrilège ultime : « C’est pas bon le sanglier rôti. Aucun Gaulois n’en mange, on sert ça juste pour les touristes. » Cela dit, une fois le filtre goscinnyen retiré, le lecteur découvre une bande dessinée de Léo Loden avec ses thèmes récurrents, à savoir l’oncle « pot de colle » et sa dulcinée qui aimerait lui mettre le grappin dessus en l’épousant une fois pour toutes. Comme à l’habitude, le héros pourchasse le délinquant et, après une enquête assez brève et ponctuée d’heureux hasards, dévoile son identité. Bref, l’amalgame est réussi ; les bédéphiles sont tous satisfaits, les amateurs de résistants gavés de potion magique comme ceux du limier marseillais.

Le coup de pinceau de Serge Carrère pastiche de belle façon celui du maître. Du dessin (vignettes bien remplies, rondeur du trait, gestuelle des acteurs, caricatures, etc.) à la police de caractère, tout renvoie à la série crée en 1959. Les décors sont chargés de détails sympathiques : chariot de Nicolus, vins et cervoise, annonce du réparateur de char Boitautomatix où les chevaux s’abreuvent en aqua super, etc. L'illustration est certes un peu relâchée (notamment certains visages de personnages secondaires), mais personne ne s'en formalise. Enfin, le récit se termine, comme il se doit, par un pique-nique à la plage. Parmi les convives, accompagné de sa matrone, un grand guerrier roux portant des braies à rayures bleues et blanches.

Les pasticheurs semblent très à l’aise dans l’univers qu’ils ont emprunté le temps d’un album. Le ton est léger et le gag coule de source. Le bouquineur est convaincu qu'ils se sont bien amusés et il s’ennuiera de ce Léo Loden au temps des Romains.

Moyenne des chroniqueurs
7.0