Black Hammer 1. Origines secrètes

A près avoir sauvé Spiral City de l’anti-Dieu, un petit groupe de superhéros est mystérieusement déporté sur une petite ferme au milieu de nulle part, dans un lieu où les gens comme eux n’existent pas. Ils y mènent une vie discrète, sous le regard des villageois qui sentent qu’il y a quelque chose qui cloche avec Gail, la quinquagénaire prisonnière d’un corps de fillette, Madame Dragonfly, qui terrorise les voisins, ou Barbalien, dit Barbie, le martien métamorphe. Tous ont du mal à se faire à leur nouveau destin, sauf Abraham, le seul qui n’a pas de don.

Le rythme du récit est relativement lent. Il faut d’ailleurs attendre la fin du premier tome pour mieux comprendre comment et pourquoi les sauveurs du monde en sont arrivés là. Plutôt que de les présenter en action, l’auteur choisit d’explorer la psyché de ces demi-dieux. « En gros, c’est Essex County avec des superhéros », affirme le scénariste Jeff Lemire dans la postface. De fait, l’univers présenté dans Black Hammer a peu à voir celui des célébrités de Marvel ou de D.C. Comic. Fondamentalement, ce récit traite d’un groupe d’individus qui ne sont finalement pas si différents de tout un chacun. Et qu’est-ce qui préoccupe les hommes et les femmes ? L’amour, l’amitié, la reconnaissance ; ces thématiques ont du reste toujours inspiré l’écrivain qui a déjà offert Sweet Tooth et Jack Joseph soudeur sous-marin.

Au dessin, Dean Ormstown rend avec habileté l’esprit rétrofuturiste du feuilleton. Les décors rappellent l’Amérique profonde avec ses églises de bois, ses champs immenses et ses personnages d’un autre temps. En contrepoint, l’artiste représente le passé des acteurs dans une mégapole hypermoderne où ils affrontent monstres et extraterrestres qu’il semble dessiner avec bonheur. Mention à la spectaculaire couverture où une jeune fille, les mains sur les hanches, défie un robot géant.

Science-fiction, épouvante, drames, il y a un peu de tout dans cet album. Le bédéphile pourrait craindre que l’ensemble soit confus, mais, bien au contraire, les créateurs arrivent à en faire un tout cohérent et agréable à lire. La suite est attendue dès le début de 2018.

Moyenne des chroniqueurs
7.5