Gaston (Hors-série) 2017. La galerie des gaffes - 60 auteurs…

L ’homme aux espadrilles et au pull vert est sexagénaire. Pour l’occasion, soixante bédéistes défendent leur version du célèbre garçon de bureau. La plupart respectent l’esprit de la série et le lecteur retrouve avec bonheur certaines icônes (gaffophone, inventions, explosions, etc.), alors que d’autres modernisent le propos en invitant le héros à s’amuser avec les outils technologiques actuels (ordinateur, tablette, réalité virtuelle...). La plupart des personnages répondent présents à ce rendez-vous : Prunelle, Spirou, Fantasio, DeMesmaeker (étonnant alors qu’il démontre sa tendresse pour le protagoniste), Mademoiselle Jeanne (rarement davantage qu’une figurante), Jules de chez Smith et Bertrand Labévue (plutôt rares).

Les ingrédients sont là, mais l’aficionado demeure perplexe. Quelques histoires le font sourire, d’autres s’avèrent moyennes et plusieurs sont peu inspirées. Un peu comme si trop d'auteurs avaient refusé cette rencontre avec Franquin. Certains tirent tout de même leur épingle du jeu. Obion y va d’un sympathique ajout à la saga des contrats, Frank Pé propose une tendre vision du fainéant devenu vieillard et Gotting grinçant fleurette avec les Idées noires.

Le dessin est à l’avenant. Dans cette compilation, il y a le meilleur et le pire. Maintes fois, le travail, bâclé, semble trahir une commande "exécutée", à la limite de l’irrespect pour qui sait à quel point le maître soignait ses illustrations. Une poignée y ont heureusement mis plus de cœur. Delaf réussit un Gaston à l’identique (c’est à s’y méprendre), Pascal Jousselin refait à sa façon l’une des plus belles cases de la bande dessinée (la grotte de livres) et Rudy Spiessert offre une infographie où il convoque les déguisements toujours aussi mal adaptés aux soirées dansantes.

Malgré plusieurs bons moments, l’entreprise souffre de son trop grand éclectisme. Une ligne directrice plus forte ou, a minima, un classement par famille d’artistes auraient donné plus de corps au projet.

Un album avec un étrange arrière-goût de morue aux fraises servie avec de la crème Chantilly. Mais s’il en reste, j’en reprendrais bien.

Moyenne des chroniqueurs
6.0