Rentre dans le Moule Rentre dans le moule

J ean a réalisé le rêve de son père : il est devenu ingénieur. Ce diplôme lui permettra de facilement obtenir un emploi, surtout avec l’aide de ses confrères d’université. Heureusement, puisque sa fiancée, Clara, est enceinte. Le futur papa prend son rôle au sérieux et rentre dans le rang. Mais les journées sont interminables et sa compagne n’apprécie pas trop. Ce qu’elle aime en lui, c’est quand il ne joue pas le carriériste. Et en plus, elle vise le championnat du monde du « baby blues ».

Dans Rentrer dans le moule, Le Cil vert propose une réflexion lucide sur le couple, la maisonnée et le boulot. Bref, il cherche à résoudre la quadrature du cercle à une époque où l’homme ne peut et ne veut plus être un simple géniteur. Les patrons ne l’entendent cependant pas ainsi et ils insistent pour que les employés soient disponibles et performants. Le héros en fait la démonstration, concilier travail et famille, ce n’est pas de la tarte. Le récit s’étire un peu, il inclut de longs segments rappelant les études du protagoniste dans une école où de solides amitiés se nouent sur fond de bizutages interminables. Ce retour dans le passé n’apporte pas grand-chose.

L’auteur assume également l’illustration de ce roman graphique. Son coup de pinceau évoque étrangement celui de Fabrice Erre : même mouvement, même rondeur, même dessin caricatural, notamment les yeux globuleux de l’acteur principal. La colorisation dans des teintes sépia est intéressante, elle rappelle à quel point la vie peut être terne si on capitule pour devenir conformiste.

Des personnages attachants dans lesquels plusieurs lecteurs se reconnaîtront, une histoire sympathique, quoique vaguement déprimante ; à ne pas lire en période de vague à l’âme.

Moyenne des chroniqueurs
7.0