Jack Cool 1. 1966 - Quelques jours avant Jésus-Gris...

D étroit, 1966. Le protagoniste (l’auteur de lui pas donné de nom) est revenu du front depuis un petit moment. Les choses vont plutôt bien : une femme, un enfant (plus le projet d’en mettre un second en route) et un bon emploi dans l’entreprise de beau-papa. Mais il y a aussi les fantômes de la guerre. Du jour au lendemain, il déclare forfait et part avec son vague-à-l’âme. Son épouse embauche Jack Cool, un détective qui le retrace plusieurs mois plus tard, en Californie, avec un groupe de hippies. Rebaptisé Jésus-Gris (il était vraiment sale quand on l’a accueilli), il côtoie Ben Kensey, le gourou du LSD. Parallèlement, l’actrice Jayne Mansfield demande au même limier de retrouver sa fille, une enquête qui l’amènera à croiser les marginaux. Les destins des fugitifs n’ont rien en commun, sinon d’avoir été en contact avec un clan sataniste.

Dans cet opus initial d’un diptyque, Jack Manini raconte les années 1960 à travers la vie d’un homme pour qui l’adhésion à la contre-culture marque une rupture. La narration alterne d’ailleurs entre le présent et le passé, décrits comme l’« avant » et l’« après » Jésus-Gris. Les enjeux sont multiples : mystérieuse séquelle de la participation du héros au conflit en Orient, abandon du domicile familial sans que les motivations soient claires, jeune fugueuse, secte... Beaucoup de questions et trop peu de réponses, au point de donner l'impression au d'un ensemble décousu. Une chronique en deux tomes, d'accord ; encore faut-il que le premier soit un tant soit peu autonome.

Le dessin quasi réaliste d’Olivier Manini se voit accordé la mention "bien, mais sans plus". Correctement exécuté, il semble hésiter, ne parvenant pas à franchement embrasser cette époque de tous les excès. Certes, le découpage est créatif ; des cases sont trapézoïdes, d’autres sinueuses, cela n’est cependant pas suffisant. Idem pour les couleurs de Yoann Guillé qui, bien qu’éclatantes, demeurent sages.

Sympathique, mais sans plus. Un air de déjà-vu. L'odyssée du personnage principal fait beaucoup penser à celle de Don Draper dans Mad Men.

Moyenne des chroniqueurs
6.0