Croquemitaines (Salvia/Djet) 2. Livre 2

A ssailli par une horde de corbeaux virulents, le Père-la-mort n'a d'autre choix que de confier Eliott à son compagnon de l'ombre, afin de le protéger de ces poursuivants cauchemardesques. Mais l'affrontement entre les deux générations est devenu inévitable. Après une course-poursuite périlleuse, le trio peut souffler, un peu. Pour tenter de vaincre le clan dissident, le protecteur du petit garçon décide de renouer avec d'anciennes connaissances et par la même, un passé qu'il aurait préféré laisser aux oubliettes.

Ce second épisode reprend directement le lecteur là où il l'avait laissé (chronique Croquemitaines tome 1). Mathieu Salvia maintient un rythme intense et fiévreux grâce aux enchaînements bien huilés. Les intervalles plus posés laissent la part belle aux émotions et permettent surtout d'éclaircir les interrogations suscitées au début de l'histoire et de proposer une plongée dans le fond des âges, à l'époque où la légende du «Père-la-mort» s'est constituée. Ce flash-back en forme de confession s'avère essentiel à la compréhension du héros et exprime ainsi le véritable sens du propos : comment dompter, vivre avec ses traumatismes et ses terreurs enfantines ? Le mythe du croquemitaine est finalement une métaphore, une personnification de la réponse à cette question.

Le dessin de Djet reste dans la parfaite continuité du premier livre, ultra-dynamique et tourbillonnant. Synthèse de genres, sa patte graphique se démarque grâce à ce trait lâché et nerveux. Les affrontements, plus nombreux, sont l'occasion de démontrer son sens de la mise en scène cinématographique. Les scènes sanglantes, violentes, sont dépeintes de façon plus esthétique que réaliste, évitant un aspect trop brutal.

Si les monstres existent, les accepter, c'est déjà les affronter. Ce conte moderne, à la fois délicat et poétique sur le fond et âpre et sombre dans son expression, se conclut habilement, avec de la profondeur, en faisant se rejoindre les deux profils d'un individu dans l'apprivoisement de ses faiblesses et de ses frayeurs.

Moyenne des chroniqueurs
7.0