Highway to love

D u rock, des fans, du bruit et des émois, parfois, il suffit de peu pour que les événements déraillent. Chez Zède, l’émotion est trop forte, elle ne résiste pas au charisme animal de Ruppert Colt, le leader des célèbres (dans leur pays) Freakytiger. C’est fait, après un moment de confusion, elle embarque la star et prend le large, malgré les avertissements apeurés de Ji, son copain qui se demande bien dans quelle galère il s’est laissé embarquer.

Thriller parodique, road-movie insensé, comédie satyrique ou un peu tout ça mélangé ? Récit semblant avoir été écrit à la petite semaine sans trop de direction, Highway to love démarre sur un coup de tête (de brique, plutôt) et se délite longuement sur cent vingt pages. Un peu d’humour, quelques traits d’esprit éculés ici, une ou deux références musicales pour faire in là, l’intrigue ne repose que sur l’air du temps et un enthousiasme qui s’épuise vite. Résultat, une histoire ni faite ni à faire qui en rappelle d’autres, plus réussies celles-ci (Ceux qui t’aiment d’Etienne Davodeau ou, dans un genre totalement opposé, Les Bidochon de Christian Binet, par exemple). Alors, oui, le lecteur sourit un peu, mais il s’interroge surtout sur où veulent en venir les auteurs et s’irrite quasiment en réalisant que c’est à peu près nulle part finalement.

Reste la mise en image. Malheureusement, là aussi, il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la pupille. Hormis un réel sens du mouvement, le trait de Zoé Thouron peine à convaincre. Pour faire simple : n’est pas David Prudhomme qui veut. En effet, comme le créateur de Mort & vif, la dessinatrice, dans un style plus lâché il est vrai, joue avec les stéréotypes graphiques (l’allure des personnages, le découpage très ouvert et la mise en scène abracadabrantesque, etc.), mais sans but ni pertinence. Si, globalement, la narration est dynamique, le rendu général se montre pauvre et d’une esthétique guère engageante.

Tel un morceau de rock-FM trop lisse et peu inspiré, Highway to love sonne faux. Fugueblück à la fin !

Moyenne des chroniqueurs
2.5