Fossiles de rêves

Fossiles de rêves réunit quinze histoires publiées de 1984 à 1989 et présentées chronologiquement, si ce n’est la dernière en deux parties intitulée Les prisonniers, un honorable récit de science-fiction primé et un des tous premiers travaux de Satoshi Kon.

En effet, difficile de distinguer un autre fil directeur au sein de ce corpus d’une grande diversité de thèmes et de genres : fantastique, historique, science-fiction, comédie, traité par un graphisme certes impeccable et qui démontre une maîtrise certaine des codes du manga, mais très visiblement influencé par son mentor Katsuhiro Otomo. Les sujets abordés sont également variés : base-ball, seconde guerre mondiale, virées lycéennes, enquête improvisée… Sculpture ouvre le bal avec son cadre post-apocalyptique et se conclue avec éclat ; La bête mêle lutte intestine entre seigneurs et créature mystérieuse dans le Japon médiéval, avec un dessin curieusement plus riche et détaché de son influence ; Au-delà du soleil (1988) met en scène une vieille dame, évoquant immanquablement Roujin Z, réalisé en 1991 puis adapté en manga sous le titre Zed par Otomo. Les kidnappeurs et Joyful bell, un conte de Noël, trouvent quant à eux un écho dans le film Tokyo godfathers.

L’ensemble forme un pavé conséquent et contient en outre un entretien avec le compositeur Susumu Hirasawa, qui a signé la musique de plusieurs films de l'auteur. À noter, la qualité visuelle moindre de trois titres due à la perte des planches originales, palliée par des reproductions de pages de magazines, compensée par la présence d’un joli épisode tout en couleurs, Pique-nique.

Fossiles de rêves compile les œuvres de jeunesse de l’auteur, penchant donc davantage du côté de Kaikisen que d’Opus ou Seraphim - 266613336wings. C’est un pan tout à fait différent de sa carrière de réalisateur, loin de la complexité de ses scénarios et de leurs chausse-trappes narratives. Cet album souffre de la comparaison mais a néanmoins le mérite de regrouper l’intégralité des histoires courtes de Satoshi Kon, plutôt bonnes et agréables à lire au demeurant, et les fans devraient trouver de quoi explorer plus avant l’univers de cet artiste qui a surtout brillé par sa filmographie.

Moyenne des chroniqueurs
5.0