La pension Moreau 1. Les enfants terribles

Émile, fugueur et mutique, est confié en désespoir de cause par ses parents à la pension Moreau, où le professeur Turoc applique une discipline de fer pour mater les jeunes rebelles. Il est aidé en cela par une « équipe pédagogique » des plus insensibles. Malgré tout, le jeune garçon réservé trouve rapidement un cercle d’amis parmi ses camarades d’infortune, surmontant le silence grâce au dessin.

Dès la première page, Benoît Broyart place le récit sous le patronage de La chasse à l’enfant de Prévert, texte faisant lui-même référence à un sinistre fait divers : lors de la révolte des enfants du bagne de Belle-Île en 1934, un détenu s’évade puis est traqué par les habitants… Une bien lugubre inspiration pour une bande dessinée jeunesse, qui augure du pire pour la suite ! Outre cette influence, celle de L’île du docteur Moreau s’impose au lecteur, ne serait-ce que pour les animaux anthropomorphes – et le titre bien sûr ! Il est donc permis de se demander si ces créatures auront un rôle particulier à jouer dans le développement de l’intrigue ?

Le style de Marc Lizano, qui se prête habituellement à des albums plus lumineux, destinés à une tranche d’âge plus basse sans pour autant éluder des réalités douloureuses, dans Hugo et Cagoule ou La petite famille par exemple, convient tout à fait à ce nouvel univers ; la rondeur du trait et la disproportion des personnages atténuent l’ambiance sombre.

Sous une couverture soignée qui fait impression, voilà un début de série très intrigant… Les prochains tomes de cette trilogie seront attendus avec impatience, par les grands comme les petits ! Cependant, si l’éditeur conseille cette lecture à partir de 8 ans, attention aux âmes sensibles ! A contrario, si les mômes font encore les malins après ça, n’hésitez pas à leur faire écouter La chasse à l’enfant chantée par Marianne Oswald, ça devrait les calmer.

Moyenne des chroniqueurs
7.0