Novikov 1. Le fou de Dieu
O
n pourrait croire le Saint-Petersbourg de Sa Majesté Catherine II, Tsarine de toutes les Russies, fastueux havre de paix pour la noblesse. Mais ses moeurs libres et les idées françaises des Lumières ne sont apparemment pas du goût de tous : plusieurs membres éminents de l'aristocratie sont découverts assassinés, un crucifix planté dans le coeur ! Une enquête qui amène bien des pressions sur les épaules d'Alexis Novikov, jeune et fringant officier de la police impériale de Saint-Petersbourg, la vérité n'étant pas forcément l'objectif principal de sa hiérarchie. Novikov avance donc en terrain miné. Le coupable idéal pourrait être ce Troubelkine, Fou de Dieu qui effraie et fascine la noblesse. Oui, mais qui sont les mystérieux "Boyards de Saint Georges" qui rôdent autour des plus riches nobles de la ville ? Un complot de plus large ampleur se dessine dans les rues de Saint-Petersbourg.
Dédales, la nouvelle collection des Humanoïdes Associés, lance plusieurs séries de "polar historique". Alors que Shimon de Samarie explore le Jérusalem du Ier siècle, Novikov s'attaque à la Russie de la "Grande Catherine" en plein XVIIIe siècle. Si Novikov semble un héros moins lisse que Shimon, il n'en est pas moins un personnage des plus convenus en tant que policier mais aussi en tant que séducteur impénitent. Il n'est pas d'ailleurs sans rappeler le Giacomo C. de Dufaux/Griffo, le panache et le charisme en moins. Patrick Weber peine à nous entraîner sur les fausses pistes qu'il nous a concoctées. Les motivations de l'organisation secrète semblent claires malgré les zones d'ombres. Le plus intéressant reste la blessure de Novikov due au décès de sa femme qu'il n'a pu empêcher. Intrigue parallèle qui promet plus que la trame principale de l'album.
Le dessin de Bruno Brindisi, très classique, convient tout à fait à cette fresque historique, les décors, les costumes, travaillés avec soin, sont dignes de l'époque. En revanche, les couleurs trop clairement informatiques, assez froides, conviennent peu aux fastes et à l'ambiance de cette Russie grand siècle.
Le Fou de Dieu est donc un album plus qu'en demi-teinte. Si l'on ajoute à cela la multiplication des séries à caractère historique (notamment chez Glénat avec les collections Vécu et Loge Noire), il y a fort à parier que Novikov finira par se noyer dans la masse. Dommage.
4.3