Gérard, cinq années dans les pattes de Depardieu

A près François, Mathieu Sapin s’acoquine avec Gérard, un acteur cette fois. Ce glissement s’avère quasiment normal, tant la frontière entre people et politiques n’a cessé de s’estomper grâce aux "efforts" des conseillers en communication. Tel un rémora, l’auteur du Château s’est accroché à Gégé, de Paris à la Russie en passant par le Portugal et l’Azerbaïdjan : Cinq ans dans les pattes de Depardieu, ou comment suivre la cadence infernale d’un géant.

Même s’il est devenu un peu l’ombre de lui-même par des choix de vie critiquables, Depardieu reste une immense star, en France évidemment et peut-être plus encore à l’étranger. Gargantua de la vie perché dans une tour d’ivoire chancelante, il continue sa carrière au cinéma, tout en gérant des affaires toujours plus complexes, voire utopiques. En se collant à ses basques, Sapin tente d’en dresser un portrait le plus fidèle possible. Sa tâche lui a été grandement facilité par la personnalité incontrôlable du colosse de Châteauroux. En effet, que ce soit par amour de se mettre en scène ou, simplement pour déstabiliser ses interlocuteurs, rares sont les moments où il ne se passe rien en sa compagnie. Plus humain que voyeur, l’album se lit avec aisance et plaisir, sans oublier le petit côté coupable de plonger dans l’intimité d’un artiste hors norme.

Au final, outre une générosité de tous les instants – il ne refuse que très rarement un selfie à ses admirateurs – et une propension naturelle à « jouer » sa vie en permanence, c’est la solitude de l’individu face à lui-même qui prédomine. Une certaine fatigue également : il est parfois simplement éreintant d’être Depardieu vingt-quatre heures par jour.

Tour à tour immensément drôle, touchant et souvent incroyable, Gérard cinq années dans les pattes de Depardieu offre, non pas un réquisitoire ou une plaidoirie, mais une représentation scrupuleuse ne cachant rien des qualités et des défauts de l’homme derrière le personnage.

Moyenne des chroniqueurs
7.0