L'amour est une haine comme les autres

D ans la Louisiane des années 1930, une camaraderie débute entre Abe, un noir et Will, un blanc. Ce dernier est le fils d’un riche industriel, mais rencontre des difficultés à assimiler ce qu’on lui inculque à l’école. Un pacte improbable prend alors forme entre les deux enfants : Abe propose d’aider son ami dans ses devoirs, puis dans la gestion de son entreprise en échange de la garantie d’un travail. Si cette alliance coule de source pour les deux comparses, il en va autrement pour leurs familles respectives. Il ne sera pas facile de la faire durer dans une époque où la ségrégation fait rage.

Louis, auteur ayant déjà signé de nombreux albums aussi bien en tant que scénariste (Sept Clones, Ultime Etoile) qu’en qualité de dessinateur (Drones, Martin Bonheur), s’attaque ici aux notions de pression sociale et d’amitié. Avec une entrée en matière violente, l’artiste annonce directement la couleur du récit. Cette introduction-choc sera l’occasion de revenir au travers de flashbacks sur le développement de la relation improbable entre les deux garçons devenus adultes. Malgré des transitions quelque peu forcées, les différentes scènes sont parlantes et pleines de sensibilité. Seul regret : un manque de développement des personnages, quel que soit leur âge.

Malgré ses compétences aux pinceaux, Louis à cette fois-ci laissé la main à Lionel Marty (Le rêve de Jérusalem, Le Mausolée d’Halicarnasse). Avec un trait semi-réaliste, les différents acteurs prennent des dimensions quasi-caricaturales qui rendent immédiate la distinction entre les « mauvais » et les « bons ». Les décors se font toutefois rares, ce qui est d’autant dommage que le peu qui s‘y trouve est plutôt réussi. Autant le graphisme que les couleurs de Véra Daviet accompagnent le récit, alternant de manière fluide entre violence et tendresse.

Abordant un sujet difficile L’amour est une haine comme les autres traite avec tact ce thème malheureusement encore d’actualité.

Moyenne des chroniqueurs
6.0