Faire la Loi

P ublier une bande dessinée ayant pour principal sujet l’un des candidats les plus en vue de cette période pré-électorale, est-ce avoir le nez creux ou posséder une bonne dose d’opportunisme ? Si l’imposant bandeau bleu sur lequel est inscrit le nom « Macron » en très gros caractères fait office d’indice, la réponse ne laisse pas beaucoup de place au doute. Mais honnêtement, est-ce là le plus important ?

Les curriculum vitae des trois auteurs aux commandes de Faire la Loi devraient déjà rassurer sur son contenu : Patrick Roger et Hélène Bekmézian tous deux journalistes au Monde et spécialistes politiques, notamment sur les questions parlementaires et Aurel, dessinateur de presse, mais aussi reporter pour le même journal que ses deux compères. Car finalement, le parcours personnel du leader d’ « En Marche ! » est bien moins passionnant que le cheminement de la loi qui l’a mis pour la première fois sous le feu des projecteurs. De l’avant-projet jusqu’à sa promulgation et la publication des décrets d’application, tout est décortiqué dans les moindres détails. Le parallèle choisi, celui d’un jeu de plateau, est très juste : les principaux acteurs avancent en essayant de déjouer les innombrables pièges qui leur sont tendus, ceux des médias forcément avides du dernier scoop, des bureaucrates à la rigidité légendaire, ou de l’opposition, voire des autres courants de la majorité, qui ne sont pas exempts de coups plus ou moins tordus.

L’ensemble se lit comme un thriller, même si l’issue est forcément déjà connue. Surtout, elle permet de se faire une idée beaucoup plus précise des arcanes de la loi et des hommes qui la font. Aucun prérequis n’est nécessaire pour la lecture mais peut-être qu’avoir à ses côtés le très bon ouvrage d’Hélène Herrenschmidt Dans les coulisses de la loi serait un excellent moyen de parfaire sa culture sur le sujet.

Aurel évite la caricature en trouvant le juste milieu entre dessin de presse et trait trop réaliste. Les trognes des principales figures politiques sont assez vite reconnues même s’il est vrai que certains sont bien moins lotis que d’autres, Benoît Hamon et Cécile Duflot en costumes de théâtre, ça vaut le coup d’œil. Manuel Valls en râleur mal rasé, jaloux du succès médiatique de son ministre n’est pas en reste.

Les applications de la loi Macron un an après, ainsi qu’un mini-glossaire, terminent un ouvrage à la fois instructif et drôle, soit à peu près l’exact contraire de ce qu’offre aujourd’hui le paysage politique. Faire la loi, une bouffée d’air frais ? Qui l’eût cru...

Moyenne des chroniqueurs
7.0