Le projet Bleiberg 1. Les fantômes du passé

A bandonné par son père à l’âge de six ans, Jeremy Corbin semble avoir pris sa revanche sur ce début de vie douloureux. À trente et un ans, il est devenu un trader surdoué et il vient de faire gagner un milliard de dollars à son entreprise. Malheureusement, lors de la virée organisée pour fêter ce succès, il tue un bébé dans un accident de voiture. Six mois plus tard, alors qu’il se morfond chez lui et qu’il se noie dans l’alcool, son existence va à nouveau être bouleversée. L’armée lui apprend le décès de son géniteur. Puis, sa mère lui transmet un objet contenant une mystérieuse clé ornée d’un symbole inquiétant : une croix gammée. Il ne va bientôt plus avoir le temps de penser à sa mort, mais d’autres vont le faire pour lui.

Bon d’accord, un thriller basé sur le lourd passif des nazis et leur héritage qui aurait traversé les décennies, cela sent un peu le réchauffé. Si en plus vous y ajoutez un beau gosse, petit génie de la finance, qui va se voir adjoindre, en guise de chaperon, une partenaire aussi douée dans son art que mignonne, ce n’est pas loin d’exhaler la douce odeur du roussi. Vous avez sans doute raison, mais cela n’empêche pas de bien raconter une histoire, et c’est exactement ce que fait Serge Le Tendre. L’expérimenté scénariste connaît son affaire et, même s’il est bien entendu lié par le roman de David Khara qu’il adapte ici, il se joue impeccablement des poncifs et autres passages obligés du genre.

Les personnages prennent vie progressivement derrière les stéréotypes, la romance naissante n’est pas trop parfumée d’eau de rose et le mystérieux tueur qui s’attache aux pas du jeune homme plutôt intéressant. Le tout se met en place à travers un suspens adroitement entretenu et des péripéties très vite jonchées de fusillades, d’explosions et de cadavres. Il faut également dire que l’immersion est facilitée par la prestation de Frédéric Peynet. Tout en utilisant des aplats de couleur, il sait composer des décors évocateurs. Les protagonistes, bien caractérisés, évoluent au sein de planches alliant angles de vue et cadrages efficaces et habiles.

Les amateurs de machinations et de tension prendront à coup sûr beaucoup de plaisir avec cette ouverture implacable et rondement menée.

Moyenne des chroniqueurs
6.0