Louis parmi les spectres

L ouis vit en ville avec sa mère et son frère. Son père est resté à la campagne dans leur ancienne maison. Il est malheureux. Il boit. Sa mère, protectrice et angoissée, souffre aussi de cette séparation. Par ailleurs, Louis est amoureux. Mais parmi tant de tristesse, comment trouver le courage d’avouer ses sentiments ? Enfin, cela en vaut-il la peine ?

Après Jane, le renard et moi - du même duo, délicat portrait d’une jeune fille harcelée à l’école, Louis parmi les spectres constitue son pendant masculin. Même sensibilité, même jeune personnage fragile, même style… Les autrices restent fidèles à une recette qui avait déjà produit un très bel album.

Louis parmi les spectres est un récit d’une grande pudeur, fort bien servi par des planches aérées dont le graphisme sait s’émanciper d’une composition plus « classique » au besoin : Isabelle Arsenault est en outre illustratrice jeunesse et cela se ressent dans sa manière d’occuper l’espace. Elle fait la part belle aux dessins éloquents, où la grisaille des moments difficiles laisse poindre ici et là des couleurs pastel, comme autant d’instants de nostalgie, de bonheur ou d’espoir.

Si Louis parmi les spectres n’est guère un titre joyeux, il demeure optimiste. Le récit prend le temps de se développer, essentiellement à travers le regard de Louis mais sans négliger les différents membres de la famille qui vivent ce déchirement, la souffrance de son père et de sa mère. Il est notamment intéressant de voir évoluer ces parents imparfaits, qui font de leur mieux tout en se débattant avec leurs problèmes.

Cette bande dessinée, aux accents graphiques rétro, est ancrée dans le quotidien et navigue entre environnement urbain et nature toujours présente, à travers des décors floraux et l’animal symbolique (ici le raton laveur, comme le renard dans Jane le renard et moi). Au final, le thème reste le même : grandir, s’épanouir malgré l’adversité. Louis parmi les spectres séduira les adultes amateurs d’histoires introspectives. Tout en réserve, cet album peut également être conseillé aux plus jeunes à partir d’une douzaine d’années.

Moyenne des chroniqueurs
7.0