Couleur de peau : miel 4. Tome 4

« J’ai cessé de dire à mon éditeur que c’était le dernier tome. » Quand Jung a entrepris de coucher sa vie d’enfant coréen adopté sur une bande dessinée, il était persuadé qu’un seul album suffirait. Faire la paix avec son passé, aller au bout de sa quête identitaire, trouver sa place dans une société qui a du mal à accepter la différence : le but de Couleur de Peau : Miel était aussi bien artistique que thérapeutique. Presque dix années plus tard, voici pourtant le quatrième opus.

Est-ce à dire que la guérison de l’auteur n’est pas complète et qu’elle est plus longue que prévu ? Sans doute. Mais il existe également une réelle volonté de partage, de transmettre aux lecteurs quelques valeurs qui l’ont façonné. Dans de nombreux ouvrages autobiographiques, si tant est qu’ils soient dignes d’intérêt, la question concernant la réaction après lecture des proches revient régulièrement, sans qu’il n’y ait forcément de réponse. Ouvrir le livre en découvrant celle de la mère adoptive de Jung, décrite dans les précédents tomes comme dure et peu maternelle permet d'assouvir une curiosité bien légitime. Les rencontres rythment le récit - la place de l’humain est prépondérante - et sont autant de prétextes à raconter un voyage, un retour aux sources en Corée pour assurer la promotion du film ou un séjour en Belgique dans sa maison d’enfance.

Les flashbacks s’enchaînent, parsemés de photos d’époque, les souvenirs affluent et donnent à chaque fois un éclairage nouveau. Il serait pourtant inexact de dire que le plaisir est toujours aussi présent que dans le premier volume. Néanmoins, Jung parvient à distiller quelques éléments qui viennent captiver l'attention du lecteur peut-être au moment où il s’y attend le moins. Sa rencontre avec une jeune mère célibataire est bouleversante. Et que dire du cliffhanger (si c’est possible, même dans une autobiographie) qui vient conclure le récit ?

Se mettre à nu sans tomber dans le voyeurisme, c’est peut-être la clé de la réussite de ce qui devait être un joli one-shot, devenu aujourd'hui série.

Moyenne des chroniqueurs
7.0