Dead Dead Demon's DeDeDeDe Destruction 1. Tome 1

U n immense vaisseau d’origine inconnue stationne au-dessus de Tokyo. Depuis une attaque meurtrière il y a quelques années, il est resté sans réaction. Finalement, la population demeure dans son ombre inquiétante et la vie a repris son cours, presque comme si de rien n’était. Si le postulat de départ rappelle nombre de récits de science-fiction, District 9 par exemple, le lecteur ne doit pas s’attendre à une intrigue ouvertement dans ce genre, du moins dans cette première partie.

En effet, fidèle à ses thèmes de prédilection, Inio Asano propose une œuvre au biais quasi-sociologique, en s’attachant à la vie quotidienne de Kadode et sa meilleure amie Ôran. Cette « tranche de vie » d’une jeune fille, a priori anecdotique, permet à Asano de pointer les écueils de la société japonaise et le malaise de sa jeunesse : précarité, angoisse, familles dysfonctionnelles, lourde structure sociale, etc. Le dessin est ultra réaliste et les décors d’une précision chirurgicale, fourmillant de détails et parfois d’éléments loufoques disséminés ici et là. D’ailleurs, si l’interprétation et le thème ne prêtent guère à sourire, ces détails décalés et le personnage d’Ôran apportent la touche de bizarrerie, d’absurde qui était déjà présente dans Bonne Nuit Punpun. Que dire de la parodie de Doraemon en ouverture…

Ce manga offre une plongée au sein du quotidien et de l’univers d’adolescentes tokyoïtes, qui s’efforcent de vivre normalement, malgré l’épée de Damoclès que constitue ce vaisseau, métaphore évidente du danger nucléaire et de la récente catastrophe de Fukushima (précisée sur le bandeau de la couverture, en cas de doute). A l’issue de ce premier volet, personne n’est plus avancé en ce qui concerne le mystérieux engin et ses occupants. Mais là n’est pas le propos. Asano prend le temps d’installer son intrigue et la suite pourrait connaître un développement imprévisible.

Avec cinq volumes en cours au Japon actuellement, Dead Dead Demon’s DeDeDeDe Destruction semble s’annoncer comme une fresque sociale barrée dans la veine de son excellente série Bonne nuit Punpun, doublée d'une critique acerbe de la société japonaise.

Moyenne des chroniqueurs
7.0