Compadres

F in du XIXe siècle, Etats-Unis. Un immigré français, rescapé de la Commune et en quête d’une vie meilleure, croise la route d’un indien solitaire qui a perdu les siens. Les deux hommes décident de cheminer ensemble vers l’Ouest et tissent une amitié houleuse.

Colin-Thibert compose un récit autour d’une relation intrigante, dont les personnages travaillés, complexes, ne sont ni bons ni mauvais : les héros sont d’autant plus intéressants qu’ils n'en sont pas justement, mais des hommes opprimés, avec leurs fêlures et leurs lâchetés, pas forcément des modèles de courage et d’honnêteté pourtant capables du meilleur.

Si des scènes typiques du genre sont dépeintes, Compadres se distingue également en abordant un aspect important et parfois méconnu de l’histoire américaine, à savoir les luttes ouvrières de l’époque notamment liées au travail dans les mines. Il est par ailleurs fait mention de la main d’œuvre chinoise employée à la construction des chemins de fer. Ce rude album doit aussi beaucoup à l’atmosphère fort bien rendue par le dessin fin, incisif de Pontarolo, aux couleurs automnales : sombre sépia et ocres poussiéreuses de l’Ouest hostile.

Compadres s’avère un western qui sait tirer son épingle du jeu, en s’attachant à deux pauvres gars malmenés par l’Histoire et terriblement humains, dans un cadre sans pitié. Une petite pépite du genre.

Moyenne des chroniqueurs
6.7