Sanguine (Sandawe) 1. L'insoumise

Q uelque part dans la savane africaine, au deuxième siècle de notre ère. Un clan de femmes chasseresses. La jeune Senga est intrépide, rebelle, insoumise, condamnée en retour par la shaman à élever le bébé rhinocéros dont elle a tué la génitrice. Se refusant au rituel de l’excision, elle s’enfuit en compagnie de l’animal et prend la route du nord, comme l’avait fait sa propre mère des années auparavant. Après une rude traversée du Sahara, la voici bientôt aspirante gladiatrice dans une cité des confins de l’empire romain.

Traiter le drame de l’excision dans les contrées subsahariennes en prenant le biais de la fiction est louable, mais fustiger la barbarie de cette acte tout en mettant en scène avec complaisance celle des jeux du cirque rend le procédé un peu artificiel. Et cette tribu de femmes guerrières, quasiment des amazones, mais soumises malgré tout à la volonté des mâles… ? Le trait est décidément bien appuyé. Reste pourtant un personnage fort et original, dont les aventures se suivent sans déplaisir, et l’exotisme consommé des provinces romaines d’Afrique du Nord aux temps antiques. Et puis le maitre d’arme aveugle qui enseigne son art à l’héroïne est un joli clin d’œil à Daredevil.

Déjà complice de Nathaniel Legendre sur de précédents opus, Sergio Alcala met en scène ce récit d’un dessin fruste, sommaire, tenant parfois du simple story-board, offrant à grands coups de traits nerveux un dynamisme certain compensant le manque de précision. Le rendu des ambiances est conféré par la colorisation, vibrante, riche en tons chauds et teintes profondes, donnant une belle unité aux planches malgré leur côté parfois brouillon.

Senga la Sanguine deviendra-t-elle une combattante accomplie ? Ira-t-elle jusqu’à Rome ? La suite et fin de cette épopée sanglante dans la seconde partie à paraître du diptyque.

Moyenne des chroniqueurs
5.0