Odyssée sous contrôle

M ichel Maistre, espion sous couverture, est envoyé sur la planète Émeraude où les disparitions suspectes de Terriens sont de plus en plus fréquentes. Durant le voyage, il rencontre la poétesse Inès Darle et tombe immédiatement sous son charme. Malheureusement, aussitôt après le débarquement, la jeune femme est enlevée...

La collection d'Ankama dédiée à l’œuvre de Stefan Wul poursuit son entreprise d'adaptation en présentant Odyssée sous contrôle, réalisé en un seul tome par Dobbs et Stéphane Perger. Comme les titres précédents, une certaine liberté dans le traitement est notable.

La majeure partie de l'intrigue originelle a été remaniée pour être plus ramassée. Le rythme reste soutenu, tout en préservant l'esprit volontairement kitsch, convoquant les poncifs des récits d'anticipation et d'espionnage de l'époque : demoiselle en détresse, héros faisant face à toute sorte de situations périlleuses, extra-terrestres monstrueux et malfaisants, faune exotique et hostile etc.

C'est en particulier la fameuse fin, très abrupte dans le roman, qui a été retravaillée : la bande dessinée laisse davantage de place au dénouement. Mais surtout, elle n'a plus du tout le même esprit : sous couvert de modernisation, le scénario se conclut sur une note pessimiste. Ce parti-pris n'est pas sans rappeler le vieux débat : une bonne science-fiction implique-t-elle une fin tragique ? Par ailleurs, si les auteurs soulignent eux-même le caractère cliché de la première partie de l'histoire, ils en suivent la ligne majeure en créant une fin qui n'est pas des plus originales.

Le réel atout d'Odyssée sous contrôle - qui n'est pas le meilleur roman de Wul - reste sa démarche graphique. La collection propose des titres à l'identité visuelle variée, là encore il faut saluer ce choix : le dessin est séduisant, avec un travail remarquable sur la couleur. La tonalité dominante des planches varie avec l'ambiance du récit (malgré les teintes chaudes de certains passages, l'album conserve une moiteur assez oppressante et sombre), les pleines pages sont frappantes. L'ensemble est également prodigue en références pour les lecteurs éclairés.

La bande dessinée Odyssée sous contrôle offre un divertissement honorable qui vaut le détour pour son graphisme soigné. Si les intentions des auteurs étaient bonnes pour moderniser la conclusion initiale, l'option retenue pour s'en démarquer un peu risque de faire tiquer certains amateurs de Wul et de science-fiction en général.

Moyenne des chroniqueurs
6.0