Les ogres-Dieux 2. Demi-Sang

Y ori est un Demi-Sang, fils d'un noble-né et de sa maîtresse. Élevé avec des enfants légitimes dégénérés, il suscite la jalousie de ces derniers. Une bagarre de trop et le bâtard est jeté à la rue avec sa mère. Alcoolisme, prostitution, la dureté de cette nouvelle vie forge une âme de fer et le jeune homme devient prêt à tout pour prendre sa revanche sur le clan paternel. Tel une Madame de Maintenon qui passe de la misère au sommet, guidé par son Œdipe, Yori entame une froide et machiavélique ascension.

Visage d'ange, innocence incarnée, Demi-Sang, c'est l'histoire d'un ravissant Monte-Cristo qui va se noyer dans sa soif de vengeance. Il est fascinant de le voir monter les marches, placer ses pions avec le sourire et l'insolence de sa jeunesse, puis balayer toute opposition ou presque. Il y a quelque chose d'attachant à le suivre dans sa folie, tel un Néron surplombant Rome, jusqu'au final, tragique et magistral.

Demi-Sang n'est pas la suite de Petit, la plus belle surprise de l'hiver 2014, c'est un récit parallèle, qui peut se lire de façon totalement indépendante, mais ce serait dommage de se priver du background qui introduit l'univers des Ogres-Dieux. Il reprend donc le même découpage en chapitres séparés par la biographie d'un illustre personnage, ainsi que le même graphisme : trait clair aux détails somptueux, légèrement emprunté à l'animation, et une magnifique colorisation en niveaux de gris. Rarement une planche bicolore donne cette impression d'exploser de mille feux. Le maquettage est impeccable, de la beauté de la couverture, aux pages de gardes, jusqu'au raffinement des numéros de page presque dorés.

Les Ogres-Dieux devait être un one-shot ; cette prolongation s'avère à la hauteur, voire supérieure à l'original. Une indéniable réussite.