Platinum End 1. Tome 1

L a fin. En se jetant du haut de la tour voisine, Mirai a choisi de mettre fin à son calvaire. La chute de l’adolescent est cependant stoppée par un ange « venu pour le rendre heureux ». La jolie créature à l‘allure juvénile lui attribue alors des facultés qui lui permettront d’influer sur son entourage. Peu convaincu, le garçon utilise pourtant la « flèche de l’ange » pour éclairer d’un jour nouveau la disparition tragique de ses parents. L’insistance de l’alliée ailée à le voir user de ces pouvoirs devient suspecte : est-il le jouet d’une manipulation ?

Après la parenthèse Bakuman, rideau levé sur les coulisses de l’édition par l’intermédiaire de deux apprentis mangakas, Tsugumi Ohba et Takeshi Obata reviennent au mode fantastique, si bien exploité dans le populaire et addictif Death note. Impossible d’ailleurs de ne pas tisser quelques analogies entre cette série au succès fracassant et leur dernière création. Ni de formuler quelques questions une fois la lecture du premier volume achevée. En terme de duos – attelage privilégié des auteurs -, comment ne pas voir dans le binôme Mirai / Ange une forme de négatif au sens photographique de Light / Ryûk ? Les thèmes de la manipulation et de l'incarnation de la main de Dieu (a fortiori si celui qui remplit le rôle n’a pas atteint la maturité) sont-ils source intarissable d’inspiration ? L’utilisation de dons surnaturels n’a-t-elle d’intérêt scénaristique que si elle est dévoyée ? Le registre de la compétition n’est-il pas une facilité pour faire monter la pression et dévoiler le profil d’adversaires au fil des tours d’une forme particulière de tournoi ?

Les trois premiers chapitres laissent plus interrogatif que véritablement critique. La mise en place est soignée, les repères et autres stéréotypes identifiables (tel que l’opposition entre la droiture modèle du jeune héros et le comportement coupable de ses adversaires), la palette des sensations recherchées suffisamment large (compassion, curiosité, tentation de se « mettre à la place de », excès libidineux, débordement gore). D’un point de vue graphique, le niveau de détails impressionne parfois, la dichotomie entre environnement ordinaire et univers cosmique fonctionne, tandis que certaines créatures semblent profilées pour finir en statuettes ou défiler dans quelques artbooks à feuilleter d’un doigt et d’un œil légers.

À ce stade, difficile d’avoir un avis tranché. La confiance accordée aux auteurs n’est pas entamée ; toutefois, le fait qu’ils demeurent sur un terrain de jeu qui leur est très familier, mêlé à la forte tentation de jeter des ponts avec leurs séries précédentes qui en découle, privent de la sensation de véritable découverte. Fort heureusement, l’ultime vignette pique à vif la curiosité au point de rendre urgente l’envie de connaître la suite. Du vrai travail de pro.

NB : pour les impatients qui ne souhaitent pas attendre la parution du volume suivant en librairie, signalons que Kazé propose la lecture de chaque nouveau chapitre, simultanément à sa parution japonaise, sur une dizaine de plateformes légales.

Moyenne des chroniqueurs
7.0