Nestor Burma 9. Micmac moche au Boul'Mich

L ’affaire commence par un mort, ce qui est plutôt banal quand on se trouve dans l’univers de Nestor Burma. Ce qui l’est moins, en revanche, c’est l’absence apparent de meurtre. La victime se nomme Paul Leverrier, jeune étudiant en médecine, dont le corps a été retrouvé dans une voiture, près du quai Saint-Bernard. Le suicide ne fait aucun doute, sauf pour Jacqueline Carrier, sa petite amie, persuadée qu’une tierce personne a aidé Paul a appuyer sur la détente. Le célèbre privé commence alors son enquête, moins pour trouver l’assassin fantôme que pour jouer les faux-semblants afin d’éviter à Jacqueline de se noyer définitivement dans son chagrin.

Deuxième album de Nicolas Barral adapté des romans Léo Malet et de l’univers graphique de Jacques Tardi, Mic Mac moche au Boul’Mich est un récit résolument noir par les thèmes abordés : suicide, avortement et racisme. Si l’habitude du lecteur est de jouer au détective en essayant de grappiller les indices qui mènent au coupable, il risque de se retrouver décontenancé par le début du récit. Il ne fait pratiquement aucun doute, même pour le commissaire Faroux, c’est dire, que Paul Leverrier s’est donné la mort. L’intérêt est ailleurs : dans la description quasi-médicale des rues de Paris, et notamment le cinquième arrondissement, dans l’humour omniprésent sans tomber dans le pastiche dont Nicolas Barral est pourtant habitué dans les Aventures de Philip et Francis notamment, mais aussi dans une galerie de personnages bien fournie et éclectique, de la potiche naïve au médecin véreux en passant par le mage-guérisseur, tous des suspects potentiels.

Après une enquête rondement menée, sans coup de mou ou ennui passager, il ne vient même pas à l’idée de jouer à la comparaison avec un Nestor Burma de Jacques Tardi. Pas de doute, ce dixième tome de la série (ou le neuvième si l’on en croit le quatrième de couverture), réalisé une fois n’est pas coutume en couleurs, est un très bon cru.

Moyenne des chroniqueurs
7.0