Lucky Luke (vu par...) 1. L'Homme qui tua Lucky Luke
B
ienvenue à Froggy Town, paradis des grenouilles. Pensez donc, il y a tout pour leur plaire : des pluies torrentielles, de la boue à perte de vue… un décor de fin du monde. Se pourrait-il que le légendaire Lucky Luke y connaisse une fin funeste ?
Matthieu Bonhomme qui s’attaque au mythe Lucky Luke, voilà de quoi faire saliver celles et ceux qui s’étaient régalés de son excellent Texas Cowboys, réalisé en duo avec Lewis Trondheim. Il aborde ici le genre ultra-référencé du western sous l’angle de l’hommage respectueux, faisant défiler les scènes iconiques qui ont fait la renommée du cow-boy solitaire : arrivée du héros charismatique dans une ville isolée, confrontation avec le caïd local, attaque de diligence et inévitable duel, sans oublier les convoitises attisées par la mine d’or toute proche, autour de laquelle la bourgade s’est construite. Visuellement, le résultat est bluffant. La dégaine de Lucky Luke est tout simplement parfaite, tout comme son apparition sous le déluge, chevauchant Jolly Jumper pour trouver un abri. Les couleurs font le reste : vives et contrastées, elles renvoient à l’âge d’or de la série, tandis que le trait hautement personnel de l’auteur d’Esteban vient apporter une certaine modernité. La combinaison est du plus bel effet et les cadrages terminent de faire de cet album un modèle d’efficacité.
Le bémol viendra peut-être d’une certaine frilosité au niveau du scénario, d’autant plus surprenante que l’audace était de mise concernant le dessin. Si le personnage de Lucky Luke est bien campé et plus sombre que dans les histoires racontées sous l’ère Goscinny, les autres protagonistes manquent un brin de caractère. Les salauds ne le sont probablement pas assez et les rebondissements – certains plutôt convenus et attendus – ne feront pas entrer L’homme qui tua Lucky Luke dans les annales de la bande dessinée franco-belge. Il n’en vaut pas moins le détour, rien que pour la prestation graphique haut de gamme.
7.2