Ino-Head Gargoyle 1. Vol. 1

Q u'est-ce qui peut différencier un policier d'un voyou au Japon ? Dans le cas de Toshiyuki Saejima, pas grand-chose, à part peut-être la coupe de cheveux datant du siècle dernier. Sae essaye de jouer les flics dans son petit quartier et il a tout pour y arriver : l'uniforme, la volonté et l'expérience nécessaire pour mater les malandrins de la pire espèce... sauf que personne ne le respecte, même pas ses collègues. Alors, quand il rencontre l'enfileuse de saucisses de son quartier, il voit un moyen de changer la donne, de se faire une réputation... et de coucher sans devoir payer une "face d'alien".

Pour ceux qui connaissent l'univers GTO, Ino-Head Gargoyle exploite la même veine : un voyou qui tente par tous les moyens de faire les bons choix tout en cherchant l'amour. Oui, bon, OK, du sexe si vous préférez. Avec un peu d'amour quand même.

Le personnage de loser que propose le mangaka a tout du type qui, progressivement, changera pour devenir attachant. Il est facile de rire de lui avant de le plaindre, son entourage ne lui faisant pas de cadeau. Sa rencontre avec une jeune femme au physique parfait fait comprendre d'office que l'accalmie promise par cette rencontre sera de courte durée et que, comme à son habitude, il finira par s'en prendre plein la tête pour pas grand-chose. Son investissement en préservatifs se révélera aussi judicieux qu'un stand de cochonnailles à une convention vegan...

L'histoire part très vite dans tous les sens, puis prend de l'ampleur. Comme un Tarantino, en mieux, l'auteur mélange les références, les personnages "out of this world" : Yakuza, prostitués, freaks... , avec au milieu de tout cela, un simple flic à la coupe de cheveux impayable. Sous couvert d'un humour assez noir, l'artiste présente différents milieux japonais et, par le biais des dialogues ou des réactions des personnages, des sujets tels la prostitution estudiantine, la corruption ou une forme de laisser-faire des yakuzas, les critiques fusent. Torû Fujisawa ne propose pas pour autant une étude sociologique du Japon contemporain. Le lecteur assiste avant tout à un véritable road-movie à travers les rues de la ville sur fond de vengeance explosive visant des monstres. Le climax imprégnant la fin promet encore de belles aventures pour Sae et Shizuka.

Le dessin n'est pas sensiblement différent de celui de GTO et de ses nombreux spin-offs. Torû Fujisawa fait dans l'outrance : par leurs actes, les personnages visent le statut d’icônes, les filles sont "trop" belles, au moins autant que les pervers sont laids. C'est beau, bizarre et en parfaite adéquation avec le fond.

Si vous aimez GTO, les losers concoctés par Judd Apatow, la violence outrancière et le comique de situation, Ino-Head Gargoyle est une lecture incontournable. En plus des premiers chapitres, ce volume comprend un one-shot fort sympathique prenant la forme d'un long monologue introspectif du héros principal.

Moyenne des chroniqueurs
7.0