Black Sands - Unité 731

C e devait être une mission - presque - de routine. Un commando américain d’une dizaine d’hommes débarque sur une île au large de la Nouvelle-Guinée en 1943. Bien sûr, ils s’attendaient à tout : des japonais embusqués et armés jusqu’aux dents, une faune sauvage et hostile, un climat à ne pas faire coucher un zombie dehors… Un zombie ? C’est justement ce à quoi ils vont faire face et il n’y en a pas qu’un, mais une multitude prêts à mordre tout ce qui ressemble de près ou de loin à de la chair fraîche. Parmi les rescapés, le Caporal Joseph Grégovitkz essaie de sauver sa peau et découvre également le secret de l’origine des morts-vivants.

Pour les férus d’Histoire, l’Unité 731, sous titre de Black Sands, évoque forcément quelque chose. Il s’agit d’un programme d’expérimentation mené par des chercheurs japonais sur des cobayes humains avec pour finalité de fabriquer quelques virus pouvant servir d’armes bactériologiques. Tiburce Oger s’est très librement inspiré de ces faits historiques pour construire un scénario dans un genre survival angoissant et sanglant. Chapitré en trois parties, le récit est habilement mené. Au jeu des fausses pistes, l’auteur de Buffalo Runner est passé maître dans l’art de mener le lecteur par le bout du nez. C’est d’ailleurs ce qui fait tout l’intérêt de l’album qui aurait très bien pu s’enliser dans de l’affrontement convulsif et du gore permanent, avec déballage de cervelles, boyaux ou autres viscères. Non, le suspense est maintenu pratiquement jusqu’à la dernière planche et l’équilibre giclées d’hémoglobine - phases explicatives est relativement bien maîtrisé.

Mathieu Contis, au dessin, signe son premier album. Décors détaillés, palette de couleurs dans un registre vert et sombre pour des ambiances moites et glauques sont les principales qualités de son travail. En revanche, les visages des personnages sont parfois inégaux, les perspectives ne sont pas toujours respectées et quelques choix graphiques sont discutables dont les jets de sang, élément ô combien essentiel de ce style de récit, un peu trop géométriques.

Il en faudrait cependant plus pour obscurcir davantage Black Sands, une lecture typiquement « pop corn », avec du Septième Art façon série B qui jaillit de chaque page. Divertissement assuré.

Moyenne des chroniqueurs
5.7