Les jours Sucrés Les Jours sucrés

Églantine a 28 ans quand elle apprend le décès de son père qu’elle n’a pas revu depuis vingt ans. Elle quitte alors la grisaille parisienne pour se rendre à Kervi, le village breton de son enfance et visiter la boulangerie-pâtisserie qui lui a été transmise en héritage. Les souvenirs, souvent douloureux, qu’elle avait enfouis très profondément commencent alors à remonter au contact de Marronde, sa tante, de Gaël, un ancien camarade de classe, mais surtout de l’odeur du pain chaud aux mêmes effets qu’une madeleine. La découverte du journal intime de son père la convainc de reprendre le commerce familial, même si elle n’a aucune expérience dans le domaine. Une nouvelle aventure commence, entre quête identitaire, amour naissant et chats envahissants.

Il existe des albums qui donnent le sourire dès la première page, un sourire qui n’est pas seulement de façade mais qui vient directement du coeur. Bien sûr, la couverture, apposée d’un titre évocateur et gourmand est déjà en soi une jolie invitation, encore faut-il que l’intérieur soit aussi savoureux. Le premier contact est un dessin très épuré, mais très expressif, qui met en valeur les personnages, et quels personnages ! Églantine, jeune femme dynamique au caractère bien trempé, Marronde, tata acariâtre mais dotée d'une générosité parfois débordante ou Gaël, romantique contrarié et soutien sans faille. Et que dire de tous les seconds rôles, dont les chats qui devisent façon « café philo » sur les trottoirs ou dans la rue.

Reste la mise en scène et la découverte d’un récit à la fois émouvant, drôle et poétique. L’absence du père et ses conséquences n’est pas en soi un thème très original, mais il est amené sur la pointe des pieds avec une grande sensibilité. Ce qui aurait pu être mièvre devient touchant, le liquoreux faisant place à une saveur sucrée qui ne disparait jamais. Les quelques astuces narratives, pourtant classiques, s’insèrent parfaitement : une trame plus claire et de couleur différente pour évoquer le passé, une image d’Églantine en puzzle avec une pièce manquante ou un chapitrage effectué de façon maline, permettant au lecteur de reprendre son souffle.

Loïc Clément et Anne Montel n’en sont pas à leur coup d’essai. Mais après Shä et Salomé et Le Temps de Mitaines, Les Jours Sucrés est sans doute leur album le plus abouti.

Moyenne des chroniqueurs
8.0

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