Le messager 1. La sainte lance

Jérusalem ce matin, une tombe du Ier siècle est mise à jour par un professeur juif bien connu pour ses écrits révisionnistes de la virginité de Marie... Une tombe qui pourrait être celle de l'apôtre Jacques le Mineur et qui peut donc apporter la preuve de la fratrie du Christ et faire vaciller le dogme de l'Immaculée Conception sur ses bases...
Le 1er tome du "Messager" surfe sur la vague des scénarii bibliques comme le Troisième Testament ou le Triangle Secret qui prétendent que le Christ avait un frère. L'action est contemporaine et la présentation des différents acteurs nous entraîne de New York à Jérusalem, en passant par Washington. Dès ce petit tour d'horizon, Richez réussi le tour de force de nous perdre. Mais qui sont les protagonistes principaux de cette histoire ? Le père Gabriel, prêtre pour le moins atypique, qui pratique la violence et l’intimidation ? Simon Cohen, l’archéologue fouineur qui met à jour le tombeau ou Sarah sa discrète femme ? A moins que cela ne soit Monseigneur Echébal, prélat à la tête de l’Opus Dei et secrétaire du Pape lui-même qui a une bien curieuse attitude pour un homme d’église. En fait, ce qui frappe au 1er abord, c’est que tous ces personnages sont atypiques. Aucun, sauf peut-être ceux qui disparaissent assez vites, ne correspondent à l’idée que l’on se fait d’eux normalement.
Ces personnages sont magistralement mis en image par Mig, que l’on connaissait déjà avec Sam Lawry. Son trait a énormément évolué ; fini les cadrages approximatifs ou les erreurs de proportion, ici le graphisme est percutant et efficace. De nombreux détails d’arrière plan ont une utilité mais heureusement, ne nuisent pas à l’histoire si vous ne les voyez pas. Par exemple, page 5, on se demande pourquoi le Père Gabriel a accroché à son mur ces articles traitant d’un attentat contre le président des Etats-Unis et la photo de ce père serrant son enfant mort dans les bras. La réponse viendra en plusieurs parties : d’abord en page 16 où le Père Gabriel fait preuve d’une violence assez inhabituelle pour un prêtre, puis en page 19 avec une invitation officielle du président des Etats-Unis en personne, ou encore à la page 25 où les agents des services de sécurités reconnaissent dans le Père Gabriel, Samuel, un ancien collègue à eux. Peu à peu, les auteurs nous tissent une trame qui parait bien moins évidente qu’elle ne le paraissait supposer. L’exemple le plus frappant est la disparition d’un personnage que l’on pensait central et ce, dès le milieu de l’album. Le lecteur est perdu…
Ce 1er tome sonne donc comme une véritable révélation : rien n’est ce qu’il parait être et c’est tant mieux. Les auteurs ont parfaitement réussi leur coup : nous mettre l’eau à la bouche. C’est une vraie réussite pour ce petit éditeur qu’est Bamboo Editions avec cette collection « Grand Angle ».