Les variations d'Orsay

U ne jeune fille sort d’une bouche de métro et le Paris de l’exposition universelle lui tend les bras. Le cœur léger à l’idée de partager des moments intenses avec une amie chère, elle s’élance à la découverte d’un environnement enchanteur, dont la gare d’Orsay est sans conteste l’un des joyaux. Magnifique, le bâtiment deviendra en 1986 l’un des musées les plus prisés de la capitale. Entre cette époque déjà lointaine et un monde actuel dominé par les audio-guides, Manuele Fior déambule, se jouant du temps et s’imprégnant de la magie du lieu.

Le vagabondage est enivrant, les circonvolutions réjouissantes. Les peintres célèbres se succèdent dans une série de tableaux qui permettent à l’auteur de varier son style, de manière à s'adapter au mieux aux personnages dont il relate des fragments d’existence. Tout est suggéré, rien n’est expliqué à l’attention du profane. Le propos n’a toutefois rien d’élitiste, tant il invite à la rêverie, à l’abandon et à une sorte d’extase ; les sujets des différentes œuvres prennent vie pour s’imprimer sur la rétine d’un lecteur qui se voit obligé de lâcher prise. De toute façon, il est aisé de se laisser entraîner ; les sauts dans la narration ne sont jamais brusques, et l’ensemble s’écoule avec calme, comme dans un doux rêve fait de couleurs chatoyantes.

Ces variations d’Orsay portent très bien leur nom ; elles convient au voyage, à l'exploration. Sans devoir quitter son fauteuil, on se laisse transporter, à la fois par des toiles d’une rare beauté et par des figures historiques étonnamment proches, auxquelles il est facile de s’attacher. La fin sonne comme un réveil en douceur, la tête encore pleine de teintes, d'impressions, de mots et d'images qui refusent de s'évaporer entièrement.

Moyenne des chroniqueurs
7.5