Léonid 1. Les Deux Albinos

L éonid n'est plus un chaton mais pas tout à fait un matou. Locataire d'un panier confortable au sein d'une maison accueillante, il partage ses jours avec ses amis félins des rues et ses nuits avec ses compagnons de salon. Rien ne semble troubler cette félicité, si ce n'est que des agneaux ont été égorgés à la ferme voisine. Et le vieux sage est formel, tant que les coupables ne seront pas punis, la terreur va régner et plus aucun chat ne sera en sécurité, car le fermier va lâcher ses chiens. Les deux dogues tueront tout ceux qu'ils trouveront sur leur chemin, Léonid assiste immédiatement à la mise à mort d'un sans abri moins agile que lui. C'est alors qu'il découvre deux suspects, un duo d'albinos que personne n'a jamais vu dans le coin...

Une campagne anonyme et paisible où se déroule un drame à hauteur de bête, l'idée est plaisante. Là où une quelconque réintroduction de fauve serait suspectée, Brrémaud joue la carte du fantastique, les mignons petits tueurs au regard démoniaque se complaisent à annoncer la venue de quelque chose de plus terrifiant qu'eux. Rien ne sera plus comme avant, info ou intox, on peut s'attendre à une révélation au tome suivant. Malgré la tentation facile de l'anthropomorphisme et quelques clichés (le jeune héros candide, la belle des rues, le vieux sage, le pleutre de service...), les auteurs réussissent à rendre attachants leurs personnages, y compris les plus cruels. Par sa forme, c'est un conte initiatique classique : à la fin de cet aventure, Léonid aura perdu son insouciance et plongé les deux pattes avant dans l'âge adulte. Les couleurs douces et bucoliques, les décors campagnards à hauteur de minet placent le récit dans une bulle atemporelle qui pourrait se situer entre les années 60 et aujourd'hui. Le graphisme entre manga et franco-belge qui rappelle le style Dofus et autre Maliki) apporte une touche contemporaine et séduisante.

Une jolie petite mise en bouche, pour tout public, à partir de 6 ans.

Moyenne des chroniqueurs
7.0