Arachnid 2. Tome 2
L
a vie d’Alice n’est pas faite de merveilles. Au lycée, elle fait l’objet de brimades de la part de jeunes péronnelles imbues d’elles-mêmes. A la maison, sa mère, dépressive avant de passer à l’acte ultime, l’a laissée aux mauvais traitements d‘un oncle qui l’accable de reproches et projette d’abuser d’elle. Le pervers est stoppé de manière radicale par la venue d’un tueur mandaté par un usurier. L’étranger perçoit des aptitudes hors du commun chez l’adolescente qui découlent d’une pathologie qu’il connait bien : la C.E.C. (concentration excessive congénitale), une maladie mentale qui décuple certaines facultés. Il décide de lui apprendre les bases du métier et de lui confier une mission en lien avec l’organisation secrète qui l’emploie.
La situation de la jeune Alice est du type « noir foncé », limite too much même. Son environnement familial et social serait tout à fait insupportable si elle n’avait pas une capacité à s’isoler lorsqu’elle est concentrée sur un sujet. Un homme, Kumo, jouera le rôle de catalyseur pour la révéler à elle-même avec des qualités de tueuse rencontrées chez quelques races d’araignées redoutables.
Dans une postface éclairante, Shinia Murata confie sa passion de toujours pour les insectes. Cet intérêt enthousiaste et ses connaissances en la matière se traduisent par d’érudites ouvertures de chapitres qui présentent les caractéristiques des bestioles qui inspirent leurs traits de caractères et leurs comportements à divers protagonistes (araignée bien évidemment, mais aussi guêpe, mante religieuse etc.). Une touche d’originalité qui sait éviter d’être pédante.
Arachnid dispose d’autres atouts qui, redisons-le, font que ce titre reste en permanence sur le fil tendu entre le premier degré et la caricature, pour lui éviter de sombrer du côté « Cosette-Punisher ». La mise en images a ce qu’il faut de dynamisme et de punch, installant des personnages suffisamment typés sans les transformer en guignols. Le dessinateur n’oublie pas de laisser entrevoir ce qui fait l’attrait de certaines silhouettes féminines ou s'amuse avec les uniformes scolaires, sans pour autant tomber dans la surexposition de culottes ou jouer l’exhibition. Enfin, les auteurs savent composer avec l’improbable lorsqu’il s’agit de faire d’une ado tout juste initiée une tueuse hyper efficace en misant sur des pouvoirs extravagants ou quand ils choisissent de la doter de complices qui sont a priori ses exacts contraires. Au rayon des points faibles, relevons des couvertures d'une affligeante banalité, mais cela reste un détail.
Les deux premiers tomes d’Arachnid publiés chez Soleil manga montrent suffisamment de fantaisie maîtrisée et d’énergie calibrée pour capter l’attention et ne pas tenter de s’extraire prématurément de sa toile toujours en cours de tissage (série en cours - 12 volumes).
7.0