Vénéneuses

N our et Domitille sont adolescentes. La quinzaine, elles ne se départissent pas encore d’une certaine insouciance. Elles aiment sortir, flirter, et râlent parce qu’elles n’ont plus rien à se mettre. Bien sûr, elles sont les meilleures amies du monde.

Leur environnement est le nôtre, et les repères s’y font rares. Entre volonté de liberté et envie de réconfort, de protection, elles voguent comme elles peuvent entre des parents parfois absents et des fréquentations pas toujours très recommandables. Les soirées basculent, les masques tombent et les conséquences peuvent être difficiles à assumer. La vie de ces jeunes filles attachantes, quelque part entre bonheur éphémère et détresse insidieuse, n’a rien d’un long fleuve tranquille. La chute menace, à chaque instant.

Il y a une certaine opposition, tout du long, entre le rayonnement de leurs sourires, souligné par des couleurs vives, et la peur qui se lit par instants au fond de leurs regards. Alors, les couleurs ne sont plus uniquement vives, elles paraissent psychédéliques, renforçant l’impression d’un monde irréel, vu à travers l’alcool et la drogue. Même le choix du papier, très glacé, permet d’insister sur ce sentiment d’un univers factice qui n’est que poudre aux yeux.

Vénéneuses parle de la négation de l’amour, du besoin non repu d’une reconnaissance, d’une chaleur. Il le fait avec le langage des ados, par des textes bruts, un dessin qui se concentre sur le rendu, sur cette ambiance qui, rapidement et fréquemment, passe de la joie à la tristesse, de l’exubérance à l’enfermement. À la recherche d’un équilibre, en somme.

Moyenne des chroniqueurs
6.0