Retour à Zéro Retour à zéro

L a collection des Univers de Stefan Wul accueille dans ses rangs Thierry Smolderen, un scénariste qui s’intéresse de près à l’histoire de la bande dessinée et à ses multiples formes. À la lecture de ce Retour à zéro, cette passion transparaît véritablement, tant il est évident qu’une réflexion poussée a été à la base de cette adaptation du premier roman de l’auteur.

La narration est le témoin d’une époque, débouchant sur un rendu pour le moins saccadé : la trame, faite d’incessants rebondissements et de « deus ex machina », semble confuse comme l’était sûrement le récit d’origine. Plutôt que de gommer cette marque de fabrique, Smolderen a tendance à la mettre en exergue, dans un souci de s’inscrire dans une logique historique. Pour les lecteurs habitués à des déroulements comportant moins d’aspérités, l’impression est celle d’une précipitation. Replacée dans son contexte éditorial, la manœuvre s’apparente toutefois davantage à un hommage. Il est trop rare de voir des créateurs poser des choix forts, intransigeants, pour venir ensuite se plaindre du résultat.

Abouti, le travail de celui qui signait déjà le classieux Nos guerres et l’improbable Bordel de luxe, Laurent Bourlaud, l’est également. Son style va comme un gant à ce roman fondateur, donnant à des planches très esthétisantes un petit côté rétro qui n’est pas sans rappeler Souvenirs de l’empire de l’atome, du même scénariste, ou le récent Adam Clarks. L’aspect figé, loin de desservir l’album, lui confère une vraie identité sans empêcher les scènes d’action de se succéder.

Au confluent de diverses influences qu’un intéressant dossier placé en fin d’ouvrage vient expliciter, Retour à zéro est une œuvre singulière, d’autant plus que l’édition soignée ajoute à la nostalgie qui en émane.

Moyenne des chroniqueurs
6.0