Les heures noires

A frique noire, un pays parmi d’autres, concentrant les dérives qui remontent en Occident via la presse : guerre civile, état corrompu à tous les niveaux, terrorisme sous couvert de motivations religieuses, pauvreté généralisée… Au milieu du désert, sous un soleil de plomb, une équipe réduite d’humanitaires - un vieux baroudeur, un jeune chien fou et leur conducteur, un local - est lancée dans une campagne de vaccination. Puis, un village, un charnier…

Le récit s’ouvre sur une très belle scène ; le reste sera moins gai, malgré le numéro de duettiste engagé par les deux médecins. Agréable à lire, notamment grâce à des variations de rythme entre les moments où la tension s’installe, jusqu’à parfois éclater en déchaînement de violence, et d’autres plus apaisés, voire légers, où les protagonistes échangent et invitent à se poser et contempler la nature environnante. Les dialogues sont souvent plaisants et contribuent au plaisir de lecture. Le pendant, c’est le côté parfois improbable de cette alternance entre l’horreur, sur laquelle les narrateurs ne s’attardent jamais vraiment, et ce qui ressemble à une absence de réaction de fond de la part de personnages embarqués dans cette galère. Comme un manque de profondeur et la sensation d’un effleurement des choses qui laisse sur sa faim. En faisant ce choix, les auteurs, Gaël Remise et Fabien Tillon (Trilogie des ventres creux), ont décidé de donner une vue d’ensemble, pas très réjouissante. Cette fiction se base aussi sur un autre choix singulier, parce que peu rapporté par les médias en Europe : évoquer un terrorisme chrétien ; peut-être en référence à la Lord's Resistance Army qui a sévi en Ouganda à partir de 1988, avant de déporter son action depuis maintenant une décennie vers une région située au nord-ouest de ce pays.

La fin est funeste, mais pouvait-il en être autrement vu le chemin emprunté ? Et le narrateur de conclure sur une interrogation : Et maintenant ? Vaste question…

Moyenne des chroniqueurs
6.0