SGF

B ande dessinée à propos de la bande dessinée, mélange de l’esprit du Blotch de Blutch et du contenu éditorial de la revue Jade de la maison d’édition 6 pieds sous terre (1), le tout assaisonné par un dessin d’inspiration « Winshlussienne » : la lignée pourrait être pire pour SGF, album de Simon Spruyt paru en 2010 aux Pays-Bas. Cet ouvrage ne dépareillera pas dans le catalogue de la maison d’édition Même pas mal, qui le propose aujourd’hui aux lecteurs francophones.

La biographie d’un éditeur qui a pactisé avec le diable est le « ce dont il s’agit ». Au commencement, ce n’était pas gagné, mais un destin est parfois lié à peu de choses, voire se fait facétieux. Toujours est-il qu’après quelques enculades en bonne et due forme (encore une fois, voilà qui ne dépare pas dans le décor de la maison d’édition Même pas mal), notre homme se trouve à la tête d’une entreprise - appelons un chat un chat - qui, face à la saturation du marché de la bédé, adopte une politique d’omniprésence agressive consistant à inonder le marché par un flot continu d’albums de mes fesses ; et de joindre le geste à la parole. "Surproduction", le mot est lâché, le mal est là ! L’auteur en profite pour taper un peu sur tout et n’importe quoi, peu importe, pourvu que ça s’inscrive dans les micro-polémiques du microcosme. Ainsi les puissants et leurs moyens en prennent-ils pour leur grade (plates-formes logistiques, droits sur les produits dérivés,…), ainsi les petits et leur folklore ne sont pas en reste (romans graphiques, pulls rayés noir et rouge,…).

SGF a donc en ses pages de quoi amuser ceux qui suivent la relative agitation du milieu du 9e Art avec une sage distance. Pour autant, sur ce thème relativement rebattu ces dernières années sous diverses formes, notamment sarcastiques, il n’apporte rien de follement novateur. C'est d'ailleurs là une de ses limites, mais convenons que ce n’était sans doute pas là le but ! Bien réalisé, cet album souffre néanmoins de son côté fourre-tout et de certains passages qui, à force de vouloir accentuer le trait dans une veine grandiloquente, deviennent eux-mêmes pompeux ; d’autres sont par contre très bien amenés et certaines planches sont d’excellente facture.

The show must go on...



1 – je profite de l’occasion pour annoncer la sortie, le 8 janvier 2015, de Jade 661U, intitulée Enfin légitime ? - interrogation qui doit être réjouissante pour Simon Spruyt !

Moyenne des chroniqueurs
6.0