Doctors

U ne fillette monte dans un arbre, elle tombe. Une femme fait son footing, elle reconnaît cet arbre. Elle entre dans une piscine, un homme tombe, elle s’inquiète, elle tombe… confusion des sens. Quelque temps plus tard, elle reçoit sa fille qui lui dit : J’ai pris l’apparence que votre propre conscience vous renvoie. Ceci est votre vie après la mort. Incrédulité. Peu après : Bientôt, ce sera le noir complet… Laissez-moi vous aider à revenir à la vie.

Démarrage déstabilisant, mais plutôt intrigant, qui laisse à penser que la narration étriquée des premières planches va prendre cohérence. Las, à l’instar du dessin abstrait en pleine page qui ouvre le récit, dont l’affligeante signification est livrée bien plus tard - Une brune à gros seins dessine… -, l’album se perd dans des trajectoires alambiquées qui, jamais, ne parviennent à se rejoindre pour prendre un semblant de sens. Et, pour ne rien arranger, le trait et la mise en couleur participent à ce désordre, l’un comme l’autre étant utilisés de manière plutôt grossière et assez proche de son travail sur New school, lequel souffrait déjà de symptômes similaires. Par conséquent, déterminer le « qui est qui » et le « quelle séquence va avec quelle séquence » relève vite du parcours du combattant. Où est passée la simplicité, dans le bon sens du terme, qui permettait d’avaler d’un trait les plus de 700 planches de Bottomless belly Bottom ? Où sont passées l’inventivité et l’explosivité qui fascinaient dans Body world ?

Dans Doctors, Dash Shaw parle entre autres choses des vivants et des morts, de la possibilité d'un entre deux et de l'existence virtuelle. Le potentiel de ces sujets est tout aussi ambitieux que fantastique, mais, à peine effleurés, dénaturés par un enchevêtrement inutilement complexe et desservis par un graphisme rebutant, ils perdent toute consistance susceptible d’éveiller l’intérêt. Regrets éternels.

Moyenne des chroniqueurs
1.0