Les contes du Marylène 2. Cixtite impératrice

A nne Simon a créé de toutes pièces le Pays Marylène, dont le lecteur curieux trouvera un plan détaillé au début de ce déroutant Cixtite impératrice. À l’heure où les franchises et autres univers tentaculaires sont plutôt l’apanage des majors de l’édition, il est bon de voir un auteur plus indépendant vouloir créer ce qui s’apparente à un monde en soi. De son côté, Misma semble vouloir mettre les petits plats dans les grands : édition soignée et papier de qualité pour un petit ouvrage agréable à manipuler.

Heureusement, le contenu est à la hauteur du contenant. Ce nouvel album fait plus ou moins suite à La geste d’Aglaé, sans qu’il ne soit nécessaire d’avoir lu ce dernier ouvrage. Anne Simon offre ici un récit qui se suffit à lui-même et qui voit le personnage d’Aglaé, devenue reine, faire face à la volonté de kidnapping et de castration par Cixtite de toute la population mâle. Si la lutte des sexes sert de toile de fond, le propos est plus léger que vraiment revendicateur. Gentiment féministe, il verse surtout dans l’absurde… mais un absurde parfaitement crédible. La prouesse est d’autant plus remarquable qu’il aurait pu être totalement ridicule de voir défiler une armée de frites guerrières. L’auteure s’en sort en adoptant le ton de la fable un brin décalée, servie dans le cas présent par un dessin qui, rappelant une certaine forme orientale d’art figuratif, présente une succession de tableaux à l’esthétique très aboutie. Les pages d’introduction et de conclusion, réalisées dans un style plus jeté et bénéficiant d’un papier différent, aident à renforcer joliment les contrastes.

À la fois drôle et épique, cette nouvelle aventure pour le moins singulière fait d’Anne Simon une artiste à suivre. Unique, son univers demande à être découvert.

Moyenne des chroniqueurs
7.0