Kinderland

M irco est à cet âge intermédiaire où les petites sœurs agacent et les parents rassurent, mais aussi où le matin, au réveil, le zizi est tout dur sans que l’on sache exactement quoi en faire. Il est de ceux qui, lunettes sur le nez, pendant les récréations dominées par les activités sportives et les grands, se réfugient dans la lecture, tout en gardant un œil au-dessus du livre pour suivre ce qui se passe dans la cour. Le hasard, en la personne du fascinant Torsten - l’élément perturbateur -, va lui permettre d’en être, de trouver sa place parmi ses pairs. Le récit se situe en RDA, dans les années 80, c’est-à-dire il y a très, très longtemps.

L’Allemagne de l’Est, l’auteur, Mawil, lui-même né là-bas, la connaît bien. C’est peut-être pour ça que le regard qu’il pose sur cette époque, pour le moins léger, est comme en décalage avec la vision communément portée sur l’autre côté du Mur. Narré à hauteur d’enfant, ce qui se joue au niveau adulte ne transparaît essentiellement que par son caractère folklorique, teinté d'un certain ridicule, qui confère à cet album une certaine universalité. Kinderland fait furieusement penser au travail de Fred Neidhart, notamment pour Pattes d’eph & col roulé et, de manière encore plus évidente, pour La peur du rouge : le ton et le dessin sont plutôt déconnants, privilégiant l’efficacité narrative à la profondeur du propos.

Ce pavé de près de trois cents planches a valeur de témoignage, joyeux, sur un temps révolu, sans doute pas si heureux que ça. De ce que perçoivent les enfants, de ce qu’ils vivent…

Moyenne des chroniqueurs
6.5